Il se trouvait au Petit Cambodge ce soir du 13 novembre 2015 où la vie de tant de personnes a basculé. Malgré les trois balles de kalachnikov qui l'ont atteint au poumon, à la cuisse et dans le bas de la jambe alors qu'il cherchait à protéger sa petite soeur, Aristide Barraud s'en est miraculeusement sorti grâce à l'intervention d'un docteur pas comme les autres. Serge Simon, ex-rugbyman du Stade français et consultant pour France Télévisions mais surtout médecin de formation, lui a prodigué les premiers soins comme il l'avait raconté dans son récit bouleversant.
Rugbyman professionnel avant la tragédie, occupant le poste de demi d'ouverture dans l'équipe de Mogliano (près de Venise et en Excellence, la Première Division italienne), l'ex-joueur du Stade français est revenu au plus haut niveau après une longue convalescence. Malgré sa force immense et sa détermination, Aristide Barraud annonce aujourd'hui qu'il arrête le rugby. C'est dans une lettre émouvante publiée sur le site de son club que le sportif français de 28 ans né à Saint-Cloud (92) explique les raisons de cet abandon. Le rescapé confie avoir "rencontré tous les jours des douleurs" qu'il n'aurait "imaginées" comme le reprend Le Parisien dans son édition du 28 avril.
Heureux d'être aujourd'hui en vie, Aristide Barraud a fait le choix de la raison en refusant de prendre le risque de "mourir sur le terrain", devant ses amis et ceux qui l'aiment. "Je me suis battu de toutes mes forces et je suis vivant, cassé, détruit, mais encore debout fermement sur mes jambes. Le rugby a sauvé ma vie, l'idée de rejouer a sauvé ma vie. Il m'a également tenu à l'écart du cauchemar de la folie. Mais je dois écouter ce que mon corps me dit depuis un certain temps. Je suis arrivé à la limite et je ne veux pas aller au-delà", témoigne-t-il avec honnêteté et émotion.
Malgré la fin de sa carrière, Aristide Barraud espère malgré tout pouvoir continuer à vivre de sa passion pour le rugby.
Olivia Maunoury