"On en parle, mais j'aimerais bien que ce soit la dernière fois." Encore choqués après l'agression à la machette dont ils ont été victime à la sortie d'une boîte de nuit de Millau (Aveyron) ce week-end, les trois joueurs de l'ASM Clermont brisent le silence. Dans L'Équipe, Benjamin Kayser, Aurélien Rougerie et Julien Pierre révèlent ainsi qu'il s'agissait bien d'une agression gratuite et évoquent ses conséquences...
Malgré les mises en examen de plusieurs présumés coupables, les trois joueurs ont toujours du mal à digérer l'incident. Que ce soit physiquement, puisqu'ils ont été blessés à divers degrés, mais surtout psychologiquement. "Venir ici participe de ma thérapie", explique ainsi Julien Pierre, qui a rejoint mercredi ses coéquipiers de l'ASM Clermont en stage de pré-saison. Celui qui, blessé à la hanche et à la cuisse, marche péniblement après son opération, reste en effet très marqué. "Les lames tournaient un peu partout. Heureusement, elles ne m'ont pas touché ailleurs", confie Jupi. "C'est une méchante aventure qu'on racontera à nos enfants, plus tard", tente ensuite de relativiser le deuxième ligne.
Une méchante aventure dont on ne connaît pas encore tout à fait les circonstances. Si les joueurs ont eu la consigne de ne rien dire pendant l'enquête, Aurélien Rougerie assure qu'ils ont tout fait pour l'éviter, en vain. "Ce n'était pas évitable. (...) Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'agression gratuite. On vit dans un monde de fous", se lamente-t-il, fataliste. Car contrairement à ce qu'avait avancé le procureur, le 3/4 centre et capitaine dément avoir défendu une femme importunée par l'un des agresseurs dans la boîte. "Mais je n'ai défendu personne", assure le joueur des Bleus, blessé à un bras, qui précise qu'aucun des agresseurs n'est entré dans ce bar lounge, La Suite.
À cause de "mecs surexcités qui voulaient en découdre", les trois joueurs agressés alors qu'ils rentraient à pied vers leur hôtel, risquent de mettre du temps à se remettre. Ils ont toutefois été aidés par une psychiatre spécialisée dans le stress-traumatique qui les a vus individuellement et en groupe. "Pendant combien de temps vont-ils sursauter dès qu'ils entendront un scooter ?", s'inquiète quand même Jean-Marc Lhermet, le manager de l'ASM Clermont qui sera privé de Julien Pierre pour un mois tandis qu'Aurélien Rougerie devrait rapidement reprendre l'entraînement.
Mardi soir, deux agresseurs, déjà connus des services de police, ont été mis en examen selon l'AFP. Ces jeunes nés en 1992 et 1994 devaient ensuite être présentés à un juge pour "violence aggravée en réunion avec préméditation" et risquent désormais jusqu'à dix ans de prison. D'autres interpellations ne sont toutefois pas à exclure puisque le groupe d'agresseurs à la machette et au sabre comptait une dizaine de personnes dont plusieurs à scooter. Outre les rugbymen, quatre blessés sont également à déplorer chez les témoins. Robin Treillet (22 ans), qui a tenté de s'interposer, à reçu un coup de couteau à la main et a dû être opéré. Les trois autres ont reçu des coups de casque destinés à les empêcher d'appeler la police.