Ce mardi 2 juillet, Basile Boli passait devant le tribunal de Nanterre pour abus de confiance dans la gestion d'une association de coopération avec l'Afrique dont il avait pris la tête. Au terme de l'audience, le ministère a requis à l'encontre de l'ancien international tricolore deux ans de prison avec sursis et 30 000 euros d'amende...
L'affaire remonte aux années 2007 et 2008. Basile Boli dirige alors l'association Entreprendre et réussir en Afrique (ERA), qui vient en aide aux migrants d'Afrique de l'Ouest désireux de se réinstaller dans leur pays d'origine pour y monter des projets économiques. Selon l'accusation, l'ancien joueur de l'OM, alors secrétaire général, et son partenaire Patrick Givanovitch, délégué général, sont soupçonnés d'avoir détourné 250 000 euros de fonds durant ces deux années.
Des fonds alloués par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii, ancien Anaem) et qui ont finalement servi à d'autres fins que celles déterminées par la convention signée entre ERA et l'Ofii en septembre 2007. Au terme d'un audit, il avait été démontré que les deux dirigeants de l'association s'octroyaient des rémunérations jugées "excessives" : 11 000 euros mensuels pour Basile Boli, 6 000 pour son associé. La présidente de la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre, Fabienne Siredey-Garnier, a également mis en avant les autres points soulevés par l'audit, comme les notes de frais "injustifiées", les "dépassements" dans les frais de déplacement et les versements effectués dans des entreprises qui auraient servi de sociétés-écrans. Des suspicions qui à l'époque avaient conduit Basile Boli en garde à vue ...
Les deux hommes avaient pourtant été mis en garde par le comptable et le commissaire aux comptes mais ces derniers ont été "dédaignés", a rappelé l'avocat de l'organisme d'État, qui n'a finalement demandé que le remboursement de 250 000 euros au lieu des 496 000 euros initialement réclamés.
"C'est impossible pour moi de m'enrichir sur le compte d'ERA", a rappelé Basile Boli à la barre, expliquant qu'il avait tout fait "pour un continent dont [il est] l'enfant" et ainsi "redonner un peu de ce qu'[il] a reçu", lui qui a vu le jour à Abidjan en Côte d'Ivoire.
Patrick Givanovitch, contre qui 18 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende ont été requis, a reconnu du bout des lèvres qu'il y avait peut-être eu "des négligences et des imperfections", avant de se justifier : "Mais c'était dans un contexte de démarrage d'une association qui a peut-être été trop ambitieuse."
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 15 octobre prochain.