C'est peut-être l'événement qui aura entaché le concert de Sting au Bataclan le 12 novembre. Deux membres des Eagles of Death Metal, le groupe américain qui jouait au Bataclan lors de l'attentat du 13 novembre 2015, ont été refoulés samedi avant le concert du chanteur britannique pour la réouverture de la salle parisienne, en raison de propos polémiques sur ces attentats, a indiqué le codirecteur de la salle.
"Ils sont venus, je les ai virés, il y a des choses qu'on ne pardonne pas", a expliqué brutalement à l'AFP Jules Frutos, codirecteur du Bataclan, après le concert de Sting, pour faire la lumière sur l'incident avec le chanteur Jesse Hughes et l'un de ses musiciens.
Dans un communiqué au magazine américain Billboard, le manager de Eagles of Death Metal, Marc Pollack, a répondu tout aussi sèchement et a fermement nié que les deux membres du groupe avaient été refoulés samedi devant le Bataclan : "Jesse n'a même pas essayé d'entrer dans la salle pour le concert de Sting, a-t-il affirmé. En fait, Jesse est à Paris pour partager les souvenirs de ces tragiques événements d'il y a un an, avec ses amis, sa famille et ses fans. (...) Et ce lâche de Jules Frutos a le besoin de salir la réouverture de sa propre salle en répandant de fausses rumeurs auprès de la presse."
Interrogé par mail par l'AFP, Marc Pollack a confirmé que l'information selon laquelle les deux musiciens avaient été refoulés était "fausse", ajoutant "pas de commentaire" en majuscules. Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, l'indignation et l'incompréhension ont gagné bon nombre d'internautes...
Jesse Hughes avait estimé en mars, dans une interview à une chaîne de télévision américaine, que l'attaque du 13 novembre 2015 avait été préparée de l'intérieur de la salle et exprimé ses soupçons à l'encontre de la sécurité du Bataclan. Des sous-entendus qui avaient déclenché l'ire de plusieurs observateurs en France, d'autant que Hughes a récidivé.
Jesse Hughes "s'est permis des déclarations tous les deux mois incroyablement fausses". "Un délire total, accusant la sécurité d'avoir été complice des terroristes... Enough. Zéro. Point", avait déjà déclaré en début de semaine Jules Frutos, en colère après le rockeur américain. Le codirecteur avait alors écarté l'idée de programmer au Bataclan le groupe californien, qui après l'attentat avait émis le souhait d'être le premier à rejouer dans la salle. Au printemps dernier, Jesse Hughes avait accordé une autre interview à Taki's Magazine, une publication américaine aux prises de positions extrémistes. Il affirmait avoir "vu des musulmans faire la fête dans la rue pendant l'attaque, en temps réel", ajoutant : "Je me souviens d'eux en train de fixer mon pote. J'ai juste mis ça sur le compte de la jalousie des Arabes" à l'égard des Américains.
Face aux réactions indignées, il s'était excusé, mais deux festivals français (Cabarel Vert et Rock en Seine) avaient néanmoins annulé les concerts du groupe prévus cet été. Depuis l'attentat, EODM a rejoué deux fois en France, une fois très brièvement à la fin d'un concert de U2 en décembre, et la deuxième fois en février, pour un concert en présence de survivants de l'attaque, à l'Olympia. Deux de leurs membres sont de retour à Paris pour assister dimanche aux commémorations du premier anniversaire de l'attentat, à l'invitation des associations de victimes.