Aussi discrète dans sa vie de femme qu'elle est intrépide dans sa carrière de journaliste, Beatrice Borromeo n'est pas une grande pourvoyeuse des réseaux sociaux ; mais, un mois après son dernier message, son compte Twitter s'est animé ce vendredi 29 juillet 2016 pour pleurer et se souvenir tendrement de Marta Marzotto : la comtesse, sa grand-mère maternelle, à qui elle ressemble tant, vient de mourir à l'âge de 85 ans. "Ciao, ma petite mamie", a-t-elle écrit en toute sobriété en publiant une magnifique photo de celle-ci assortie d'un coeur.
La "reine des salons" s'est éteinte dans une maison de retraite de Milan, après une brève maladie. Fidèle à elle-même et à la générosité qui fut le fil conducteur de sa vie, elle a gardé "le sourire et l'envie" jusqu'à la fin, a confié le benjamin de ses cinq enfants, Matteo : "Il y a encore deux jours, nous parlions ensemble de projets, de vacances, de mode... Maman m'a appris qu'il y a toujours une occasion." Véritable astre de la vie mondaine italienne à la joie de vivre contagieuse, figure incontournable de la mode et de la culture réputée pour ses tenues hautes en couleur, la disparition de Marta Marzotto laisse à n'en pas douter un immense vide dans la bonne société transalpine, elle qui fut mannequin, styliste, auteure, experte en art et muse. Une existence flamboyante que cette globe-trotteuse portait comme sa plus belle parure...
Née Vacondio le 24 février 1931 à Reggio d'Emilie (Emilie-Romagne) et élevée à Lomellina dans la plaine du Pô, Marta, fille d'un garde-barrière et d'une "mondina" (travailleuse des rizières italiennes), commence à travailler très jeune, d'abord saisonnière comme sa mère, puis comme apprentie-couturière et modèle pour un atelier de couture milanais, celui des soeur Aguzzi. Au contact du monde de la mode, elle fait au début des années 1950 la connaissance du comte Umberto Marzotto, héritier de l'empire familial du même nom dans l'industrie textile, basée à Valdagno, dans la province de Vicence. Ils se marient en décembre 1954 et de leur union naissent cinq enfants : Paola, mère de Beatrice et Carlo Borromeo, Annalisa, décédée en 1989 à 32 ans, Vittorio Emanuele, Maria Diamante et Matteo. Après leur divorce, elle a pendant longtemps été, à partir de la fin des années 1960, la compagne et la muse du peintre communiste Renato Guttuso, disparu en 1987 et qui a notamment laissé à la postérité la Cartolina, une série d'oeuvres représentant ses souvenirs, ses sentiments, ses émotions, ses fantasmes et ses pensées au sujet de sa belle. Qui, de source d'inspiration, est devenue par la suite créatrice.
Je fonctionne totalement à l'instinct !
"Créatrice de mode, de bijoux, écrivain... Y a-t-il quelque chose qu'il vous reste à faire ?", lui demanda un jour le mannequin espagnol haute couture Naty Abascal dans le cadre d'une interview pour l'hebdomadaire Hola!. "Je continue à avoir le même esprit, la même curiosité, le même désir d'apprendre, la même envie de me réinventer, avait répondu Marta Marzotto. Je ne sais pas ce que je vais faire ni même si je vais faire quelque chose d'autre. Mon secret consiste à ne rien programmer. Je fonctionne totalement à l'instinct !" Quant à savoir si elle aurait voulu changer quelque chose dans sa vie, sa réponse, d'une élégance et d'une fureur de vivre savoureuses, n'avait pas de quoi surprendre : "Je n'en serais pas capable. J'ai tout vécu avec une intensité tellement extrême. Je suis toujours en train de me projeter dans l'avenir, avec un regard respectueux sur le passé de temps en temps."
C'était aussi une matriarche qui débordait pour ses enfants et ses petits-enfants d'une affection qu'elle ne cherchait absolument pas à dissimuler aux yeux du public, même si c'est dans ses somptueuses propriétés - son manoir de style colonial à Punte del Este en Uruguay, son palais "Rose du désert" à Marrakech - que s'écrivaient les plus belles pages de la vie de famille.
A l'instar de sa soeur Beatrice, Carlo Borromeo, de pair avec son épouse la créatrice Marta Ferri, a rendu un bel hommage à sa grand-mère, partageant une attendrissante photo légendée ainsi : "Pour toujours dans notre coeur."
Les funérailles de Marta Marzotto doivent avoir lieu le 1er août en l'église Sant'Angelo de Milan, avec une chapelle ardente durant le week-end. "Je ne voudrais pas mourir, mais, en admettant que cela arrive, je voudrais une grande fête avec toute ma tribu autour du lit du chef mort. Avec le champagne et toutes les horloges arrêtées", avait-elle confié en plaisantant à la journaliste Laura Laurenzi, avec laquelle elle a écrit à quatre mains le livre de souvenirs Des émeraudes au petit déjeuner.
Beatrice Borromeo devrait assister aux obsèques sans son époux Pierre Casiraghi, qui est arrivé jeudi à Majorque en vue d'y disputer du 3 au 6 août une nouvelle manche du championnat du GC32 Racing Tour aux commandes de Malizia, dans le cadre de la Coupe du Roi.
GJ