Quand il parlait de "progresser encore notamment dans certaines manoeuvres", au terme de sa première régate à la barre du voilier de course Malizia au mois de mai, Pierre Casiraghi n'avait certainement pas en tête de réaliser une cascade spectaculaire comme celle dont son équipage et lui ont été les victimes lors de la deuxième étape du GC32 Racing Tour à Malcesine (7-10 juillet), toujours sur le Lac de Garde.
Après une entrée en matière très probante sur le catamaran flambant neuf du Yacht Club de Monaco, dont il est devenu en moins de deux ans la figure de proue, le fils de la princesse Caroline de Hanovre était en passe de confirmer avec ses partenaires (Sébastien Col à la tactique, Boris Herrmann, Richard Mason et Adam Piggott) les belles promesses entrevues, tenant la dragée haute à leurs rivaux d'envergure internationale. Mais, au deuxième jour de course à Malcesine, cet espoir s'est abîmé avec perte et fracas quand le Malizia, jusqu'alors 5e du classement général provisoire, est entré en collision, à près de 30 noeuds, avec un bateau de presse semi-rigide à bord duquel se trouvait le photographe italien Carlo Borlenghi - l'un des plus réputés et aguerris du monde de la voile.
Ce dernier, qui a vu le Malizia foncer sur son embarcation après avoir changé de trajectoire, raconte : "Peu après avoir passé la marque au vent, nous suivions les catamarans par le côté sous le vent. Le reste de la flotte était passé et j'étais en train de photographier Malizia, le catamaran de Casiraghi. Nous croyions être à une distance raisonnable, mais de toute évidence ils ne nous ont pas vus, parce qu'ils ont soudain changé de cap et venaient droit sur nous. On s'est jetés à l'arrière du bateau juste à temps, le foil a tapé le gouvernail et la structure centrale. On venait juste de débarquer deux personnes ; si elles s'étaient trouvées à bord, il y aurait eu des blessés." Très impressionnant, comme en témoignent les photos du moment de l'impact et du retournement de Malizia que nous vous proposons, l'accident n'a en effet pas fait de victime, par miracle et au grand soulagement de Pierre Casiraghi. Il a en revanche occasionné de graves avaries sur le catamaran monégasque, hors course, et a entraîné l'annulation de la manche.
Un tel accident n'aurait jamais dû pouvoir se produire
"C'est vraiment dommage mais c'est surtout très rageant, a commenté le neveu du prince Albert II de Monaco, soulagé qu'il n'y ait pas eu de blessé et déchargé de toute responsabilité par la commission d'enquête diligentée par les organisateurs... Un tel accident n'aurait jamais dû pouvoir se produire. Les GC32 [nouvelle classe de catamarans à foils, ces ailes profilées placées sous l'étrave du bateau qui lui permettent de voler hors de l'eau, NDLR] sont des bateaux ultrarapides et il est essentiel de veiller au respect des périmètres de sécurité tant pour les bateaux accrédités que pour les spectateurs. Il s'agit d'une nouvelle génération de bateaux et nous devons tenir compte de leur très grande vitesse dans le dispositif de sécurité. Il faut une véritable prise de conscience générale, tant des organisateurs, coureurs et plaisanciers. C'est important pour le bon déroulement des régates et l'avenir de notre sport."
Les plus anxieux, devant cette péripétie inquiétante, auront pensé au défunt père de Pierre Casiraghi, Stefano, qui a trouvé la mort en 1990 dans un accident de bateau. Mais si le deuxième de ses garçons et troisième enfants qu'il a eux avec la princesse Caroline a bien hérité de sa passion pour l'adrénaline, mordu de courses automobiles et désormais nautiques, l'intéressé n'a pas l'intention de jouer les têtes brûlées : "Il faut être patient et passer les étapes les unes après les autres, car sur ces bateaux très puissants et rapides, il faut absolument avoir une approche humble", posait Pierre au mois de mai, faisant sa priorité "d'apprendre et surtout naviguer le plus proprement possible."
Mais même avec toute la prudence du monde, on imagine que son épouse Beatrice Borromeo, qui est aussi sa première supportrice - démonstrative !- dans tous ses défis, a dû avoir une belle frayeur.
Malizia et son équipage espèrent désormais être d'attaque pour rattraper le temps perdu lors de la troisième manche du championnat, du 3 au 6 août 2016 à Palma de Majorque avec la famille royale espagnole pour spectatrice.