Sur le site du Yacht Club de Monaco, le jeune vice-président fait depuis quelque temps la une, et ce n'est de toute évidence qu'un début : oeil qui frise et barbe d'authentique loup de mer qui galope sur des joues naguère imberbe, Pierre Casiraghi est la nouvelle star de la voile monégasque. Enthousiasmé par ses premières expériences - et premières victoires - de marin notamment au côté du skipper Giovanni Soldini à bord du voilier Maserati en 2014 et 2015, le fils de la princesse Caroline de Hanovre, qu'on savait déjà mordu de courses... automobiles, s'est découvert une nouvelle passion sportive, au point de devenir une nouvelle figure de proue du club de la principauté : le voilà aux commandes de Malizia...
Catamaran nouvelle génération à foils (les deux ailes profilées placées sous l'étrave du bateau et qui lui permettent de voler hors de l'eau) de la catégorie GC32, le Malizia est l'offrande du Yacht Club de Monaco à son meilleur ambassadeur en herbe. Pierre Casiraghi a en effet été bombardé à la barre de ce bateau flambant neuf de la flotte monégasque et effectuait fin mai (du 26 au 29) sur le Lac de Garde son galop d'essai à l'occasion de la première des cinq manches du GC32 Racing Tour. Son bateau. Il n'a d'ailleurs pas été baptisé au hasard : "Pour ce que Malizia représente pour nous en Principauté de Monaco, j'ai toujours pensé donner ce nom à un voilier de course", explique le neveu du prince Albert II, faisant référence au surnom - "La Malizia", soit "Le Rusé" - du fondateur de la dynastie Grimaldi, Francesco Grimaldi, un Gênois arrivé par la mer en 1297.
Après avoir pris possession le 8 mai dernier du Malizia, Pierre Casiraghi, vainqueur de la Rolex Giraglia Race 2014 et de la Melges 32 Gold Cup la même année, 4e de la Sydney-Hobart Yacht Race 2015, a commencé à s'entraîner le 16 mai à Riva del Garda, avec un équipage qui est le plus jeune de la flotte monégasque mais ne manque pas de talents pour autant et peut compter sur l'encadrement avisé de Pierre-Alexis Ponsot (vainqueur de la Baccardi Cup 2012, membre de l'équipe de France olympique, 1er à quatre reprises du Tour de France à la voile). "Il faut être patient et passer les étapes les unes après les autres, car sur ces bateaux très puissants et rapides, il faut absolument avoir une approche humble", a considéré le néophyte, qui se sait "de loin le moins expérimenté du circuit". D'où l'objectif prioritaire fixé par celui qui, diplômé depuis plusieurs années d'économie-gestion, se verrait bien s'investir dans le développement d'équipements : "Apprendre et surtout naviguer le plus proprement possible." Alors, à la fin du mois, il se jetait à l'eau en disputant la première manche du GC32 Racing Tour, manquant "pour la première fois en 28 ans" le Grand Prix de Formule 1 de Monaco, ainsi qu'il le confiait par anticipation au quotidien L'Equipe (une interview en double page dans l'édition du 24 mai) : "Je n'aurais pas pu rater le GP pour autre chose que cette compétition. Un sacré nouveau défi d'ailleurs. Mais Monaco symbolise l'auto et la voile...", observait-il.
Son épouse, la journaliste Beatrice Borromeo, n'a évidemment pas manqué les grands débuts de son champion dans cette nouvelle aventure. De même qu'on l'a déjà vue l'étreindre au départ ou à l'arrivée des rallyes automobiles, Beatrice, avec la délicieuse spontanéité qui la caractérise, lui a sauté au cou à l'issue des premières manches ; à un autre moment, on pouvait apercevoir le charmant jeune couple, marié depuis l'été dernier, en train d'échanger un tendre baiser, quand il n'était pas en train de se promener avec son chien. Pierre a également pu livrer ses impressions à son beau-père Carlo Borromeo, qui accompagnait sa fille et était visiblement ravi d'assister aux performances de son gendre lors de cette régate.
Le bilan des quatre jours de courses disputées sur le Lac de Garde fin mai est très positive pour l'équipage de Malizia, confronté à des cadors comme Franck Cammas (Team France), Iain Percy (Artemis) ou encore Glenn Ashby (Team New Zealand) : huitième sur neuf en lice, il s'est adjugé l'une des dix-neuf manches et a signé deux fois une troisième place, établissant au passage son nouveau record de vitesse avec une pointe à 38.4 noeuds. "Affronter des équipes de renom, c'est juste un rêve qui devient réalité, a commenté Pierre Casiraghi, récompensé de sa performance par une 2e place dans la catégorie propriétaire-barreur. Le bateau est très rapide, agressif et c'est ce que j'aime. Pour cette première étape, il était important pour nous de tester le bateau, de roder notre équipage et surtout de pouvoir enfin se jauger aux autres teams. Nous devons bien sûr encore progresser notamment dans certaines manoeuvres, mais je tiens sincèrement à remercier tout l'équipage pour son implication et cette très belle entrée en matière."
Prochain rendez-vous, Malcesine, toujours sur le Lac de Garde, du 7 au 10 juillet.
GJ