La mort, ce 26 novembre 2018, du cinéaste Bernardo Bertolucci a provoqué une vague d'émotion et des réactions très diverses. En effet, dans la ligne de mire de ses détracteurs, ce fameux scandale autour du film culte, Le Dernier Tango à Paris. Mais devant le flot de commentaires élogieux du monde de la culture, Benjamin Biolay a fini par sortir de ses gonds.
"Cher Instagram, sois un peu cohérent. Bertolucci, c'est aussi le viol atroce et indélébile subi par la merveilleuse Maria Schneider durant le tournage du 'Dernier Tango'. C'est bien gentil de se peindre un point sur la main. Ça l'est moins, 48 heures après, de faire l'apologie d'un chantre des violences faites aux femmes", a pesté le chanteur dans un post accompagné d'une photo de l'actrice Maria Schneider lorsqu'elle était jeune.
Dans le livre de Fiona Gélin, Si fragile (sorti en septembre 2016), Maria Schneider s'était confiée sur son expérience dans Le Dernier Tango. "Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies. J'étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais", confiait-elle en faisant référence à cette scène du viol par sodomie de son personnage par celui de Marlon Brando, qui avait été tournée à son insu. "J'ai eu l'impression d'être violée à la fois par Bertolucci et Brando. Marlon ne s'est pas excusé après la scène", se souvenait-elle, déclarant avoir "perdu sept ans de [sa] vie" après avoir sombré dans une grave dépression et une addiction aux drogues.
En 2013, Bernardo Bertolucci avouait. "La scène du beurre est une idée que j'ai eue avec Marlon le matin même", avait-il commenté, précisant qu'il voulait que sa comédienne réagisse "en tant que fille, pas en tant qu'actrice". "Je ne voulais pas que Maria joue sa rage et son humiliation, je voulais qu'elle ressente la rage et l'humiliation, avait-il déclaré. Ensuite, elle m'a haï pour ça toute sa vie. (...) Je pense qu'elle m'a détesté ainsi que Marlon parce que nous ne le lui avions pas dit."
Deux ans plus tôt, Maria Schneider disparaissait. Le réalisateur italien avait adressé un hommage touchant à sa comédienne abusée. "Sa mort est arrivée trop tôt. Avant que je ne puisse l'embrasser tendrement, lui dire que je me sentais lié à elle comme au premier jour, et, au moins pour une fois, lui demander pardon. Maria m'accusait d'avoir volé sa jeunesse et aujourd'hui seulement je me demande si ce n'était pas en partie vrai", avait-il déclaré à l'Ansa.
Après l'annonce de la mort de Bertolucci, de nombreux hommages ont vu le jour. Pierre Lescure et Thierry Frémaux, président et délégué général du Festival de Cannes, ont ainsi salué "un immense artiste et une personnalité hors norme qui a accompagné le cinéma italien du XXe siècle en devenant une figure majeure de son identité". Gilles Jacob a fait part de sa "tristesse infinie", tandis que le ministre de la Culture Franck Riester a évoqué "un géant" qui "manquera au septième art".