Tout est parti d'une vidéo de 2013 mise en ligne le 3 décembre dernier par le site américain du magazine Elle qui revient sur le tournage du film sulfureux de 1973, Le Dernier Tango à Paris. On y voit le réalisateur Bernardo Bertolucci admettre qu'il avait prévu l'idée du beurre avec son acteur principal Marlon Brando pour la scène de viol par sodomie, sans avertir la comédienne Maria Schneider, âgée de 19 ans à l'époque, afin que la scène soit la plus réaliste possible. L'actrice, décédée d'un cancer en 2011, avait confié au Daily Mail en 2007 que les détails de cette scène ne figuraient pas dans le scénario et qu'elle les avait découverts juste avant de la tourner : "Je me suis sentie humiliée et, pour être honnête, j'ai eu un peu l'impression d'être violée, par Marlon et par Bertolucci." Devant l'ampleur du scandale, le cinéaste a pris la parole, tout comme le fils de l'icône Brando.
Un malentendu ridicule
En réaction, Bernardo Bertolucci a en effet tenu à clarifier la situation à travers un communiqué : "Je voudrais, pour la dernière fois, clarifier un malentendu ridicule qui continue à être rapporté à propos de Dernier Tango à Paris dans des journaux du monde entier. Certains ont pensé et pensent que Maria n'avait pas été informée de la violence subie (dans la scène). Faux ! Maria savait tout parce qu'elle avait lu le scénario où tout était décrit. La seule nouveauté était l'idée du beurre." Un tel "détail" change la donne dans le cadre d'un tournage aussi intime. L'actrice, traumatisée par le tournage, avait révélé qu'elle avait sombré dans la dépression et la drogue pour échapper à ces souvenirs. Au moment de sa mort, le metteur en scène lui avait d'ailleurs "demandé pardon" pour ce qu'il lui avait infligé au nom de la beauté de l'art...
Ce n'est pas mon père
Miko Brando, l'un des enfants de Marlon Brando, s'est exprimé auprès de TMZ au nom de son père, décédé en 2004 : "C'est horrible. Ce n'est pas mon père. Il n'était pas cet homme. Pas du tout. Il était pour les droits humains, civiques. Il a marché avec Martin Luther King. Il était avec les gens, pas contre. Ce n'est pas vrai. C'était il y a quarante ans, pourquoi ça revient maintenant ? Ce n'est pas vrai, ce n'est pas l'être humain qu'il était." À propos du réalisateur, il a simplement déclaré : "Il parle pour lui seul."
Plus de quarante ans après la sortie de ce long métrage, ces déclarations mettent en lumière un malaise : certains agissements dans le milieu artistique, qui ne choquaient personne dans les années 1970, en pleine libération sexuelle, ne sont plus du tout acceptables aujourd'hui. Difficile de ne pas trouver dans cette affaire de moeurs un écho au dossier David Hamilton, dont les photos de jeunes filles sont perçues autrement de nos jours et cachent de terribles secrets... Catherine Breillat, qui avait collaboré avec le photographe, avait replacé son travail dans son contexte pour le magazine Gala. Elle avait rappelé l'exemple des clichés d'Eva Ionesco enfant réalisés par sa mère : des photos très dérangeantes aujourd'hui, alors que personne ne s'en offusquait dans les années 1970.