Benoît Poelvoorde : ''Etre responsable de mon chien, ça me fait peur'' !
Publié le 29 décembre 2010 à 17:33
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Benoît Poelvoorde Benoît Poelvoorde© Abaca
Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré dans Emotifs anonymes
Benoît Poelvoorde et Dany Boon dans Rien à déclarer
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Benoît Poelvoorde n'a jamais eu peur de se livrer en interview, abordant tous les sujets, que ce soit sa carrière, sa familleou sa bipolarité. L'acteur, actuellement à l'affiche d'Emotifs Anonymes, n'a rien du timide qu'il incarne dans ce film, mais possède ses propres angoisses et interrogations qu'il confie à Télérama. Extraits.

L'acteur belge avait déclaré vouloir arrêter le cinéma, mais l'on pouvait s'interroger sur la concrétisation de cette nouvelle, puisqu'il vient d'annoncer qu'il va tourner dans l'adaptation cinématographique du roman Sévère, inspiré de l'affaire Edouard Stern. Il s'explique : "Je vais réellement lever le pied, en assurant mes derniers engagements." L'acteur veut explorer de nouvelles choses : "J'ai fait du cinéma par accident et j'aimerais susciter un nouvel accident." Ce ne sera pas en tout cas la réalisation de l'adaptation d'un roman d'Emmanuel Bove : "Jean-Pierre Darroussin [réalisateur du Pressentiment], m'a devancé."

Incarnant losers et autres personnages obscurs ou lâches, il a toujours souhaité avoir sur eux un regard compassionnel, ce qui est certainement sa recette pour des performances toujours plus bluffantes. De la lâcheté, le milieu du cinéma en est aussi nourrie généreusement selon l'acteur : "Combien de fois j'ai vu des gens dire à une avant-première : 'c'est un chef d'oeuvre', et retourner leur veste quatre jours plus tard en clamant : 'c'est une daube'. Pourquoi mentir ainsi si ce n'est pour protéger une image ?"

Le héros de Podium est implacable avec son milieu et désacralise volontiers son métier disant qu'être comédien de cinéma, "ce n'est pas grand-chose". Sa facilité à prendre du recul lui vient de ses origines, modestes et étrangères au monde du cinéma : "Mon père, chauffeur routier, est mort lorsque j'étais enfant, mais j'avais vu qu'il lui fallait beaucoup travailler pour gagner peu. Ma mère, elle, tenait une épicerie à Namur. [...] Ma mère n'avait pas les moyens de me garder, j'ai été brinquebalé un peu partout, de pensions en internats. J'étais très bon élève, puis j'ai eu une adolescence difficile. [...] J'aurais pu être punk, mais je les trouvais faibles d'esprit. [...] J'ai appris à me débrouiller tout seul, à me déplacer partout. Le revers de tout cela, c'est une peur panique de l'abandon."

Le rapport au physique est également abordé au cours de cette interview et Benoît Poelvoorde dévoile une certaine souffrance : "J'ai la chance d'avoir une tête en caoutchouc, un visage très expressif. Ce qui peut être un handicap. Sur L'Autre Dumas, de Safy Nebbou, cela a été difficile. Au moindre froncement de sourcils, il me disait : 'Non, c'est trop. Il faut nettoyer tous tes tics.' Autre épreuve, les séances photos. Certains photographes me blessent sans le savoir en disant : 'Non, pas de grimaces !' Alors que je n'en fais pas !"

Une réalisatrice a toutefois su explorer l'autre facette de Poelvoorde et l'emmener loin de la comédie : Anne Fontaine, qui l'a dirigé en serial killer dans Entre ses mains. "Elle m'a débourré, si l'on peut dire. [...] Je viens de tourner son nouveau film, Mon pire cauchemar, avec Isabelle Huppert. La boucle est bouclée : Anne m'a sorti de la comédie en m'amenant au murmure, m'a offert dans Coco avant Chanel le rôle d'un châtelain un peu fanfaron, et vient de me ramener là où elle m'a trouvé, dans un rôle d'abruti." Ne lui demandez cependant pas de tout jouer, surtout pas un héros de film d'action, clame-t-il !

Après la promotion de Rien à déclarer, dernière réalisation de Dany Boon, en salles en février 2011, que va donc faire Benoît Poelvoorde ? "Dormir pendant deux mois. Comme je suis très maniaque, je peux passer des heures à nettoyer et à aménager. [...] Je fume en regardant le plafond, je joue avec mon chien. Et quand je me lasse, je vais boire un coup avec mes potes. Une vie très banale." Un enfant dans cette vie ? Certainement pas : "Ça me terrorise d'être responsable de quelqu'un. Déjà, être responsable de mon chien, ça me fait peur. Alors communiquer mes propres angoisses à mon enfant ! Je m'en voudrais à mort..."

Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le magazine Télérama du 29 décembre.
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