Il devait s'y produire les 29 et 30 mai et ce devait être le climax de sa tournée de come-back. Mais non. Après avoir dû se retirer des festivals et faire face à de vives contestations à chacun de ses concerts, Bertrand Cantat essuie un nouveau revers de taille avec l'annulation de sa venue dans la mythique salle parisienne de l'Olympia, à la grande satisfaction des féministes.
La salle de spectacles avait déjà reçu des messages de contestation pour avoir programmé deux soirs d'affilée le chanteur qui avait été condamné à huit ans de prison en Lituanie pour les 23 coups mortels qu'il avait porté à Marie Trintignant. Elle s'est justifiée en invoquant "des risques sérieux de trouble à l'ordre public qui empêcheront la tenue de ces deux concerts dans de bonnes conditions". Les détenteurs de billets pourront se faire rembourser sur présentation de leur place.
"On se félicite de cette décision. C'était le but de notre mobilisation : interpeller des programmateurs sur le fait de célébrer un assassin sur scène et l'acceptation du féminicide", a réagi auprès de l'AFP Céline Picques, porte-parole de l'association Osez le féminisme !, qui avait appelé à un rassemblement le 30 mai devant l'Olympia. "Une réinsertion est possible pour Bertrand Cantat mais elle ne doit pas se faire dans la lumière", a souligné de son côté Françoise Brié de la Fédération nationale solidarité femmes.
Autant dire que l'annulation de ces deux soirées à l'Olympia pour le chanteur de Noir Désir (qui s'y était révélé en 1996 notamment) est un tournant dans cette tempête qui avait débuté par l'annulation de festivals cet été et les premiers concerts de sa tournée en solo qui avaient déchaîné les passions. Certains manifestants estimaient en effet qu'il n'était plus en droit de se produire en public. À la suite de la polémique de la couverture des Inrocks, Cantat avait publié une lettre dans laquelle il réclamait son "droit à la réinsertion", rappelant qu'il avait purgé sa peine, tout en renouvelant sa "compassion la plus sincère, profonde et totale à la famille et aux proches de Marie" Trintignant. Le 13 mars dernier, l'artiste de 54 ans avait été accueilli à Grenoble sous les cris d'"assassin !". S'en était suivi un échange tendu entre l'ancien leader de Noir Désir, visé par des projectiles, et des manifestants réunis devant La Belle Électrique, la salle où il s'est finalement produit dans la soirée. Après cet événement, plusieurs municipalités avaient annulé sa venue.
Le revers symbolique de l'Olympia est d'autant plus dur pour Cantat qu'il n'est pas soutenu par le groupe qui détient son label. En effet, l'Olympia est une propriété de Vivendi Village, filiale de Vivendi, et Cantat a sorti son premier disque solo Amor Fati cet hiver chez Barclay, filiale de la major Universal Music France, elle-même propriété de... Vivendi.
Seul réconfort pour le chanteur qui avait été libéré en 2007 après avoir purgé un peu plus de la moitié de sa peine, les dates qu'il avait reportées à cause de son lumbago sont maintenues. Il avait déclaré forfait pour ses deux dates à Nantes, les 2 et 3 mai (reportées aux 4 et 5 juin), son concert à Lille le 4 mai (reporté au 9 juin) et celui à Bruxelles prévu le 6 mai (reporté au 10 juin).