Souvent, les rappeurs se sont plaints de leur image dans les médias et du manque de reconnaissance, concernant leurs exploits. C'est exactement ce que Booba déplore dans son interview aux Inrocks. "Je vois bien qu'on me considère comme une caricature" : son passage dans Le Grand Journal l'a parfaitement illustré...
Mardi 12 novembre, quelques minutes avant qu'Eminem y interprète son single Berzerk, Antoine de Caunes et son chroniqueur littéraire Augustin Trapenard ont reçu Booba sur leur plateau. Derrière ses lunettes noires, le rappeur-producteur de 36 ans s'est prêté au jeu de l'interview, évoquant entre autres la sortie de son nouveau projet Futur 2.0, ses textes crus et quelques homologues rappeurs dont JoeyStarr et La Fouine. L'entretien a duré près de dix minutes. Dix minutes que B2O n'a visiblement pas très bien vécues.
"Quand on m'accueille au Grand Journal et qu'on me fait des 'wesh' et du verlan et qu'on me sort mes pires punchlines, je vois bien qu'on me considère comme une caricature, c'est 'voilà la banlieue qui arrive' : c'est pathétique, déclare-t-il aux Inrocks à propos de son passage dans l'émission de Canal+. Je suis resté tranquille derrière mes lunettes et j'ai fait ma promo. Je veux bien que ça les amuse de sortir mes lyrics les plus hardcore, mais faites au moins la balance, je n'ai pas écris que ça. Même quand le mec de la rubrique littérature parle de la Nouvelle Revue Française, il sort une grosse punchline où j'insulte une grand-mère. Ça fait un peu flipper quand même. Ils ont montré des images de La Fouine, du clash, ils n'ont pas montré d'images de mes clips, ni de mes disques de platine ni de mon Bercy qui était plein à craquer, rien." Force est de reconnaître qu'il n'a pas complètement tort.
"Je ne suis pas en guerre contre les médias. C'est eux qui ont un problème avec moi", ajoute l'auteur-interprète de RTC (Riche Tristement Célèbre), qu'il décrit comme "l'image qu'on donne de [lui], souvent pour faire de l'audience". Pourtant, Booba n'hésite pas à clasher la station Skyrock, son directeur général des programmes Laurent Bouneau ou l'animateur Fred Musa dans ses chansons. Pour Les Inrocks, le Duc de Boulogne s'explique : "La vérité, c'est que je n'écoute même pas cette radio, je n'ai plus besoin d'eux. (...) Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui avec les réseaux sociaux, mon propre label, je peux balancer ce que je veux quand je veux sans que Laurent Bouneau ait à choisir mes singles. Je fais ma vie, j'ai mes followers, j'ai mon public. Skyrock fait peut-être le jour et la nuit pour certains, mais pas pour moi. Je l'ai déjà prouvé en remplissant Bercy tout seul." Ce concert d'octobre 2011 a été suivi par deux shows, là encore complets, au Zénith de Paris les 12 et 13 avril.
Le 26 novembre 2012, Booba sortait Futur, son sixième album solo. Il revient près d'un an plus tard avec Futur 2.0, réédition de son opus certifié platine : "Futur 2.0, c'est un peu comme Autopsie [nom de sa série de mixtapes, NDLR], un entre-deux, des titres de préparation en attendant le nouvel album. Je n'arrive pas à rester sans rien faire, j'ai toujours envie de sortir du son. Je fais ça par envie, par plaisir, j'ai toujours envie de compétition..." déclare-t-il aux Inrocks à propos de cet "entre-deux" qui compte neuf nouveaux titres, dont Longueur d'avance avec Maître Gims, de la Sexion d'Assaut.
I.N.