Ça y est, la Valnurese aux traits de Carla Bruni-Sarkozy se dresse et s'expose fièrement, son regard de bronze perdu dans le lointain, sur son socle dans le quartier de la Petite-Italie à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne).
Objet de discorde depuis le mois de février, l'opposition manifestant sa désapprobation tant concernant le modèle que le financement, et les Nogentais se montrant pour le moins circonspects, cette statue de deux mètres de haut à l'effigie de l'ex-mannequin et ex-première dame commandée par le maire UMP Jacques JP Martin a officiellement été inaugurée vendredi 21 septembre 2012, sous une pluie battante. La Valnurese était en place depuis le 31 juillet dernier, attendant son heure sous une bâche bleue dont dépassait seulement un pied chaussé.
Dénouement à l'aune du feuilleton houleux qui l'a précédé, c'est dans une ambiance assez étrange et tendue que la cérémonie s'est déroulée, en présence d'un petit comité trié sur le volet, sans journalistes : "Tout cela n'est pas très sain quand on voit les policiers municipaux filtrer les entrées à l'inauguration", s'indigna auprès du Parisien le conseiller municipal d'opposition DVD Michel Gilles. A l'extérieur, justement, on brocarde ce qu'on voit comme une opération politique : "C'est une démarche politique que n'apprécient pas les Nogentais", s'élève un habitant, de concert avec l'association Nogent Démocratie, présente devant les grilles de la résidence privée du centre-ville dans laquelle la statue a été érigée, tout comme des militants de la CFDT, du Front de Gauche ainsi que des journalistes.
Et pendant que les recalés dénoncent un acte de "fayotage", du côté de l'intronisation, on se concentre sur l'hommage plutôt que sur la polémique : le maire Jacques JP Martin réitère qu'il s'agit d'une initiative visant à rendre hommage aux Italiens de Nogent et aux anciennes ouvrières des usines de plume du XIXe siècle, se gardant bien de prononcer le nom de Carla Bruni-Sarkozy. Lorsque le voile tombe et que la Valnurese offre ses traits aux regards, le doute n'est pourtant pas permis : la ressemblance est évidente, bien que la sculptrice Elisabeth Cibot se soit initialement défendue d'avoir voulu représenter l'ancienne première dame et que le maire Jacques JP Martin ait assuré qu'il ne s'agissait pas d'une statue de Carla Bruni. "Nous avons décidé de faire une statue contemporaine qui symboliserait la femme italienne. (...) Arrivé à un moment, avec le sculpteur, nous nous sommes dit que ça aurait été bien d'obtenir l'accord de la première dame de France [à l'époque, NDLR] d'origine italienne pour avoir une symbolique un peu plus actuelle", avait-il toutefois expliqué. L'intéressée avait d'ailleurs "participé à un shooting photo pour que la sculptrice puisse être la plus fidèle possible"
Intitulée "la Valnurese" (la Dame du Val Nure), du nom d'une vallée d'Emilie-Romagne, la statue de la discorde a été réalisée en hommage aux travailleuses immigrées italiennes originaires de cette région et venues travailler à la fin du XIXe siècle, plumassières pour certaines, "dans les petits ateliers de la ville, pendant que les hommes se spécialisaient plutôt dans les métiers du bâtiment".
Le silence va désormais retomber autour de cette immigrée italienne imperturbable qui a déchaîné les passions.
Carla Bruni-Sarkozy, quant à elle, va refaire parler d'elle et se faire entendre : en préparation de son prochain album et revigorée stylistiquement, elle participera samedi 29 septembre sur France 2 à l'émission spéciale concoctée par Charles Aznavour, Hier encore.