"Je suis venue aux USA parce que je voulais faire du rock. En France, je n'étais pas crédible, ce n'est pas l'image que les gens voulaient avoir de moi" : Carlos Sotto Mayor a réussi un tour de force, celui de naître artistiquement en s'émancipant d'une étiquette qui eut pu coller à la peau - celle d'ex-compagne de Jean-Paul Belmondo.
A l'écran, ils formèrent un couple aussi mémorable qu'improbable : il était le rugueux commissaire Jordan, pour qui la traque n'obéit à aucune déontologie ; elle était Livia Maria Dolores, la prostituée de son coeur, paria de son milieu pour s'être acoquinée avec un flic. C'était devant la caméra de Jacques Deray, en 1983, dans Le Marginal. Du grand Bébel. En 1984, Carlos apparaîtra dans Joyeuses Pâques, film de Georges Lautner dont Belmondo tient également l'affiche, et Jacques Deray les dirigera à nouveau en 1987 dans Le Solitaire.
A la ville, le tandem amoureux est tout aussi scruté : Jean-Paul et la belle Brésilienne constituent l'une des paires les plus glamour du showbiz, lui dans la force de l'âge d'une cinquantaine magnifique, elle dans la brunitude envoûtante de sa vingtaine. Si leur romance a pris fin, une belle amitié lui a survécu.
Pourtant, si elle doit à ses apparitions sur grand écran et à son idylle avec l'une des icônes nationales du septième art sa notoriété auprès du grand public, son rêve de toujours est ailleurs : "J'ai toujours été passionnée par la musique", assure-t-elle, depuis Los Angeles, à l'AFP. "Mais quand j'étais en France, c'était plutôt un rêve, car je n'avais pas beaucoup d'expérience et je n'étais pas encore ingénieur du son".
Carlos Sotto Mayor, à bientôt 50 ans et toujours aussi magnétique physiquement, ne cache pas "devoir à la France" tout ce qu'elle a appris. Mais il lui a fallu s'en éloigner pour pouvoir devenir celle qu'elle voulait être. D'où son exil, ces douze dernières années, aux Etats-Unis : "Alors je suis venue ici car personne ne me connaissait. Et je me suis dit qu'avec un coup de bol, si je bossais vraiment, peut-être que j'arriverais à quelque chose." Là, son rêve s'est concrétisé.
Attention : point de mièvrerie ; ce rêve réalisé est peut-être un conte de fées, mais un conte de fées totalement rock'n'roll, au son du metal, et dont l'héroïne est la Fée Atomik : Atomik Fairy est en effet le nom de scène de Carlos. En octobre 2010, elle donnait un premier concert à Los Angeles dans la mythique salle du Viper Room, dévoilant son répertoire métalleux, électro-pop et dubstep, avant d'enchaîner le 8 novembre avec la non moins prestigieuse House of blues. Cette fée-là s'habille de cuir et s'enveloppe de noir, elle se dénude (cf. clip de Hands of Divine ci-dessus), elle tire son pouvoir de Black Sabbath, Korn, Slipknot, Rage against the machine, elle frémit quand rugissent les guitares électriques : "Les guitares, ce sont mes réacteurs. Elles recréent en moi l'excitation de la Formule 1. J'adore la Formule 1, le bruit avant le départ !" Oubliez Clochette et les petites fées de la pop contemporaine, on en est loin.
Carlos Sotto Mayor, métamorphosée en Atomik Fairy, affiche une détermination marquante, qui a permis que ces années de travail aboutissent et qui transparaît dans son intransigeance artistique : "Mon but était aussi de ne plus avoir d'ingénieur du son sur mes projets, car à chaque fois que je travaillais avec des gens, chacun voulait mettre son grain de sel et je n'arrivais jamais à faire ce que je voulais." Un parti pris qui pourrait paraître dangereux... So what ?, s'élève l'intéressée, en chantre de l'accomplissement de soi : "J'adore le risque. Si on ne prenait pas de risques, la vie n'aurait pas de saveur. Il faut se réinventer, ne jamais abandonner (...) C'est un message que je veux envoyer aux femmes qui se disent "je n'ai plus 18 ans, je ne peux pas faire ci, je ne peux pas faire ça". Faire de la musique, ce n'est pas une question d'âge ou de beauté. C'est une question d'énergie et d'alchimie avec les gens."
Vous pouvez découvrir le résultat sur le MySpace d'Atomik Fairy et avec le clip sulfureux de Hands of Divine que nous vous proposons ci-dessus - en bonus, une autre vidéo : la recette de l'omelette Atomik Fairy présentée par Carlos aux fourneaux !
Amie avec le prince Emmanuel Philibert de Savoie et son épouse Clotilde Courau, Carlos Sotto Mayor, après douze ans d'absence, reviendra en 2011 en France, sur scène, et prévoit plusieurs shows avec le prince de la Maison de Savoie, chef de la Maison royale d'Italie, dont on connaît les aptitudes pour faire le spectacle, aussi bien en danse qu'en chanson. Ils auraient collaboré à l'écriture de certains titres d'Atomik Fairy (Summer Symphony et On The Dance Floor), et doivent enregistrer ensemble un duo électro-pop.
Carlos Sotto Mayor revient comme une bombe - Atomik -, avec le désir de "partir à la conquête" d'un pays qui risque bien de... ne pas la reconnaître.
G.J. (avec AFP)