Albin Chalandon s'est éteint à l'âge de 100 ans. Sa mort a été annoncée dans la matinée du jeudi 30 juillet 2020 par le garde des Sceaux et ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. "Avec le décès d'Albin Chalandon, la France perd un de ses combattants de la Libération, la République un de ses grands serviteurs et le ministère de la Justice, un de ses anciens Gardes. À cet instant, je pense avec émotion à son épouse, à ses enfants et à ses proches", a publié l'avocat de renom et très médiatique qui a récemment intégré le gouvernement de Jean Castex.
L'épouse d'Albin Chalandon est loin d'être une inconnue puisqu'il s'agit de la journaliste politique Catherine Nay, 77 ans, éditorialiste d'Europe 1.
Tous deux ont entamé une histoire d'amour alors qu'Albin Chalandon était encore marié à Salomé Murat, qu'il avait épousée en 1951. De leur mariage sont nés trois fils, Fabien en 1953, Aurèle en 1955 et Emmanuel en 1959. Si la relation de l'ancien ministre avec Catherine Nay a débuté à la fin des années 60, il n'a jamais divorcé de Salomé Murat, petite-fille de Marie de Rohan-Chabot et descendante de Joachim Murat. Les amants ont pourtant commencé à habiter ensemble dès le début des années 70. Ce n'est qu'à la mort de sa femme qu'Albin Chalandon a épousé Catherine Nay.
Après l'annonce de la mort de l'ancien garde des Sceaux, Robert Namias a exprimé "des pensées très affectueuses" pour "sa copine de cinquante ans" Catherine Nay sur Twitter.
Né le 11 juin 1920 à Reyrieux (Ain), licencié ès lettres, Albin Chalandon entre dans la Résistance et participe à la Libération de Paris en 1944. Après l'inspection des Finances, il devient membre du cabinet de Léon Blum, alors président du gouvernement provisoire.
Il s'engage ensuite dans la vie politique et s'inscrit au RPF (gaulliste) en 1948. En 1952, il crée la Banque commerciale de Paris, qu'il présidera de 1964 à 1968.
Revenu à la politique en 1958 avec le général de Gaulle, il devient secrétaire général de l'UNR (1958-59), puis secrétaire général adjoint de l'UDR (1974-75). Député des Hauts-de-Seine (1968 puis 1973), il est élu député du Nord en 1986, mais renonce à son mandat électoral pour entrer au gouvernement.
Ministre de l'Industrie de Georges Pompidou de mai à juillet 1968, il devient ensuite ministre de l'Équipement et du Logement dans les gouvernements Couve de Murville (1968-1969) et Chaban-Delmas (1969-1972).
C'est en 1969 qu'il a l'idée de proposer des maisons individuelles bon marché aux ménages les plus modestes. Environ 65000 "chalandonnettes" sont construites entre 1970 et 1972. Mais certaines rencontrent des problèmes techniques, provoquant le mécontentement de leurs propriétaires.
Albin Chalandon devient ensuite président du groupe nationalisé Elf-Aquitaine (1977-83). Il en est écarté après l'arrivée au pouvoir de la gauche pour avoir voulu s'opposer au plan de restructuration de la chimie lourde française.
Nommé garde des Sceaux en 1986 dans le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac, il y est le symbole d'une politique sécuritaire.
En 2010, il a été mis en garde à vue dans le cadre de l'affaire Visionex, société soupçonnée de fabriquer des bornes internet permettant des paris clandestins et visée par une enquête dans laquelle son fils a été mis en examen.
Il est l'un des mentors de l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati. Cette dernière ne s'est pas encore exprimée sur sa disparition.