Mercredi 7 janvier, Mathieu Madénian apprenait en direct la mort de son ami Charb sur le plateau de la Nouvelle édition de Canal+. L'humoriste et chroniqueur de Charlie Hebdo aurait dû se trouver sur les lieux au moment du massacre. Conscient de sa chance d'être toujours en vie, il milite à présent pour la survie du canard. Invité sur le plateau du Grand journal de Canal+, il a souhaité faire passer un message aux téléspectateurs.
Pour le chroniqueur, imaginer la mort future de Charlie Hebdo est tout bonnement impossible. Présenté par Antoine de Caunes comme ayant travaillé pour le journal, Mathieu Madénian prend immédiatement soin de préciser avec autant de fierté que de détermination : "Je travaille, je travaille toujours à Charlie Hebdo."
Touché par la solidarité de la population, il a ensuite demandé à ce que cet élan se poursuive dans le temps, rappelant que le journal était en difficulté : "On s'est réunis ce matin pour se dire qu'il fallait qu'un nouveau numéro sorte mercredi prochain. Ils n'ont pas gagné, ils n'ont pas tué Charlie mais vous pouvez tuer Charlie si vous ne l'achetez pas. Il y a une espèce de sentiment de solidarité, on va sortir le journal à un truc comme un million d'exemplaires et on va le vendre mais il faudrait que, chaque semaine, les gens achètent ça. Il faut savoir un truc, il y a trois semaines, un mois, Charb a lancé un appel aux dons pour Charlie car les gens n'achetaient pas ce journal. On bosse tous gratuitement dans le journal – d'ailleurs il me doit de l'argent, cet enfoiré –, l'intérêt, c'est que ça continue et qu'on se dise pas qu'on est tous Charlie, on va se réunir place de la République et l'acheter une fois. Non, il faut l'acheter tout le temps."
Un avis partagé par la fille de Wolinski, Elsa, qui a ajouté : "On peut ne pas aimer Charlie Hebdo. Très honnêtement, je ne le lisais pas moi-même mais aujourd'hui, qu'on soit de gauche ou de droite, ils se battaient pour une liberté d'expression !"
Encore bouleversé par la perte de ses amis, Mathieu Madénian était très ému après la diffusion du Zapping du jour, qui diffusait de nombreux extraits concernant le drame. "Les coups de feu, je ne peux plus... j'aurais dû être dans ce truc-là en fait. Et j'ai eu Charb à 9h, je lui ai dit que j'amenais la galette des rois, il n'aimait pas trop je crois, alors je lui ai dit que c'était une galette des rois arménienne, avec Charles Aznavour dessus, au lieu du petit Jésus. Il avait rigolé. (...) J'avais oublié qu'un mec venait chez moi pour réparer la télé et je vois ce mec réparer la télé, je voyais les bandeaux qui passaient [ceux informant du drame, NDLR] et je me disais : " Mais qu'est-ce que c'est ?' Donc dès que j'entends un coup de feu, je me dis que c'est un de mes potes qui tombe", a-t-il déclaré, racontant au passage les dessous de l'incroyable contretemps qui lui a sauvé la vie.
Sarah Rahimipour