Forget Tom Daley, sa médaille de bronze à 10 m et son chéri : la nouvelle coqueluche du plongeon britannique se nomme Chris Mears, et son histoire, au-delà de l'or olympique qu'il vient de décrocher, a de quoi susciter l'intérêt : elle relève du miracle.
Il était donné quasiment pour mort, et, même rescapé, on le disait perdu pour son sport. Déjouant tous les pronostics médicaux, l'athlète de 23 ans, également musicien à ses heures, est revenu du diable vauvert pour devenir mercredi 10 août 2016 champion olympique du plongeon synchronisé à 3 mètres avec son partenaire Jack Laugher (son partenaire, mais pas son petit ami, comme celle qui partage la vie de ce dernier le signale !) – la première médaille d'or de l'histoire du plongeon britannique.
Initié au plongeon dès le plus jeune âge dans sa ville natale de Reading, Chris Mears, qui a perdu sa mère alors qu'il était encore en bas âge, avait tout d'un grand espoir de la discipline. À 14 ans, il était d'ailleurs sélectionné pour les Jeux olympiques de la jeunesse, le parfait tremplin. Sauf que, alors qu'il se trouve déjà à Sydney et s'entraîne pour la compétition, il est victime d'une rupture de la rate provoquée par une mononucléose infectieuse non décelée et aggravée par la pression des plongeons à répétition sur ses organes. Au moment critique où sa rate éclate, il perd plus de deux litres de sang. Admis en urgence à l'hôpital, on ne lui donne guère que 5% de chances de survie ; quant à la probabilité qu'il replonge un jour, elle est nulle. Malgré ce pronostic vital pessimiste, il s'en sort. Happy end ? Pas encore, loin s'en faut : alors qu'il se trouve encore en Australie, attendant d'avoir suffisamment récupérer pour pouvoir rentrer au Royaume-Uni, ses parents le découvrent un matin inanimé sur le sol de sa chambre d'hôtel : il avait eu une attaque sept heures plus tôt et restera trois jours dans le coma. Miraculeusement, il n'en gardera aucune séquelle, ni physique (si ce n'est sa cicatrice de 30 centimètres à l'abdomen) ni cérébrale.
Malgré le peu d'espoirs que lui laissaient les médecins, Chris Mears reprend progressivement l'entraînement et, dix-huit mois seulement après les faits, il signe son retour à la compétition aux Jeux du Commonwealth 2010, se classant 4e avec Nicholas Robinson-Baker. Sélectionné pour les JO de Londres 2012 – à l'occasion desquels son père Paul a l'occasion de participer au relais de la torche olympique, en reconnaissance du temps passé au chevet de son fils –, il atteint la finale en individuel (9e) et se classe 5e en synchronisé, toujours avec Robinson-Baker, avec qui il termine l'année 2013 au 7e rang mondial.
Début 2014 – année où... il sort indemne d'un atterrissage en urgence d'un avion _, il s'installe à Leeds et commence à travailler avec un nouveau binôme, Jack Laugher. Une collaboration payante ! "Après avoir vécu toute cette horrible expérience, le simple fait de participer aux Jeux olympiques de 2012 à Londres me suffisait. C'était génial. Mais nous nous trouvions dans une position différente pour ces Jeux-ci : on croyait d'une certaine manière pouvoir décrocher l'or ; mais l'avoir fait, c'est tout simplement incroyable", a déclaré Chris juste après leur exploit.
Un exploit qui a fait la fierté de la nation, mais aussi des compagnes des deux jeunes hommes, et peu importe que le public puisse croire les partenaires de voltige en couple - ils ont l'un et l'autre posé pour Gay Times en signe de soutien aux droits LGBT, ce qui a fait exploser leur fanbase ! Jessica Auty, une maquilleuse de 21 ans qui partage depuis une année la vie de Jack Laugher après l'avoir rencontré via Tinder sans savoir qu'il était un athlète de haut niveau, se dit très détachée par rapport à cela : "Les gens croient tout le temps qu'ils sont en couple parce qu'ils passent énormément de temps ensemble [ils ont même un emprunt ensemble pour leur appartement, NDLR]. Ce sont seulement les meilleurs amis du monde. Ils ont des personnalités très similaires. (...) Je m'en fiche, je reste en dehors de ça. Je m'efforce de ne pas me soucier de toutes les choses que les gens disent sur les réseaux sociaux."
Jessica souligne par ailleurs que Chris Mears a sa propre vie. Sa propre petite amie, mais aussi ses propres aspirations : durant sa longue convalescence, le jeune Britannique s'est consacré à la musique, au point de devenir véritablement DJ et producteur, signant un contrat avec Universal, croisant la route de Nicole Scherzinger et sortant l'an dernier un premier single avec un boysband mexicain, CD9.
"Je suis revenu des portes de la mort, alors oui, je suis plutôt fier", dit Chris Mears. Il y a de quoi !