Dans les cuisines de Christian Constant, l'heure est à la guerre. L'un de ses cuisiniers est parti en croisade pour se faire payer ses heures supplémentaires, ainsi qu'à l'ensemble des équipes. Une demande de régularisation et une menace de prud'hommes plus tard, l'ambiance n'est plus à la bonne franquette... Après Joël Robuchon et Yannick Alléno, un nouveau chef étoilé est attaqué par l'un de ses employés.
Heures supp et prud'hommes
Dans la rue Saint-Dominique du 7e arrondissement de Paris, Christian Constant est incontournable. Fondateur du Violon d'Ingres, une étoile au guide Michelin, des Cocottes et du Café Constant, le chef qui pour la première fois ne participait pas à l'aventure Top Chef cette saison se voit aujourd'hui opposer à l'un de ses chefs. Omar, 33 ans, chef au Café Constant depuis trois ans après avoir travaillé dans "des grandes cuisines", menace d'aller aux prud'hommes si ses heures supplémentaires, et celles de l'ensemble des salariés, ne sont pas payées, révèle Le Parisien.
Selon Omar, Christian Constant forcerait ses collaborateurs à dépasser allègrement les 39 heures réglementaires, sans contrepartie financière. "Cela fait trop longtemps, tout le monde s'investit beaucoup dans le travail, mais il arrive un moment où toutes ces heures supplémentaires jamais payées font trop, beaucoup trop", explique-t-il au Parisien. Pour monter son dossier, Omar a accumulé les témoignages et analysé ses plannings, "souvent changés à la dernière minute".
Pression et enregistrement
Si la relation était bonne entre les deux hommes, tout "a dégénéré" quand Omar a demandé à voir le chef étoilé "pour faire valoir [ses] droits". Rendez-vous est pris l'été dernier entre Christian Constant et son épouse Catherine, "qui gère les ressources humaines". Devant le couple, il explique faire "en moyenne (...) 10 à 15 heures supplémentaires par semaine jamais payées". "Ce n'est pas normal, je suis un travailleur, je donne tout, mais sans retour", ajoute-t-il dans Le Parisien, indiquant qu'il n'est pas le seul, mais que les autres préfèrent se taire, "par peur de perdre leur travail".
La discussion entre les deux parties s'enveniment et Omar voit ses compétences et son implication remises en cause, ainsi que son honnêteté. Selon lui, Christian Constant menace de "le confondre devant ses collègues" comme l'écrit Le Parisien. Mais le cuisinier, qui avait prévu la tournure que prendrait la rencontre, avait pris soin de l'enregistrer avec son téléphone portable...
Peu de temps après, le comptable de la société évoque avec lui une rupture conventionnelle, avec le paiement de ses heures supplémentaires. "Mais ce n'est pas ce que je veux, répond Omar. De toute façon, cet argent me reviendra. Ce que je veux, c'est en finir avec le non-respect des contrats de travail", confie-t-il, avant d'ajouter, lucide : "Je sais que ma carrière sera finie après ça. Quand on attaque un homme d'une telle renommée, qui a formé des Meilleurs ouvriers de France, on sait ce qu'on risque... Je ferai autre chose, j'essaierai d'ouvrir un restaurant."
"Nous contestons en bloc"
Dans les colonnes du Parisien, Christian Constant a fait part de son incompréhension, indiquant qu'en juillet 2014, ils avaient réglé une première fois les heures supplémentaires réclamées par Omar suite à l'envoi d'une lettre recommandée. En février 2015, une nouvelle lettre recommandée leur arrive, menaçant cette fois-ci d'une action aux prud'hommes.
"Nous contestons en bloc et ne pouvons que nous étonner de sa démarche, explique Christian Constant au Parisien. Nous ne pouvons tolérer de telles accusations sans fondement, contre une maison unanimement respectée, reconnue pour son éthique. Nous attendons donc en toute sérénité la procédure annoncée, et avons mandaté notre avocate pour y répondre."