Après le succès international de Chaleur humaine (1,3 million d'exemplaires vendus dans le monde), Christine and The Queens revient sous le nom de Chris qui est aussi celui de son second album porté par les singles, aux productions exemplaires, Damn, dis-moi et Doesn't Matter (Voleur de soleil). Pour ce nouveau projet, attendu le 21 septembre 2018, l'artiste de 30 ans a mué. Un changement de look qui brouille encore un peu plus les pistes du genre que bouleversait déjà Christine...
Sur la tournée colossale qui a suivi le succès de Chaleur humaine, toute l'équipe l'appelait Chris. C'est resté. La chanteuse raconte dans Le Parisien, ce 10 juillet : "Je me suis coupé les cheveux pour une séance photo il y a un an parce que le photographe a dit : 'Tu parles de Chris mais Chris je ne la vois pas.' En grandissant, une fille développe mille complexes. Et je me disais : si je me coupe les cheveux, tout le monde va voir que j'ai une mâchoire hyper prononcée. C'était comme un accouchement pour moi. Pour me transformer, il fallait m'arracher à moi-même."
Pour me transformer, il fallait m'arracher à moi-même
"Ça m'a amusée de voir les réactions. Il y a immédiatement plus d'androgynie avec les cheveux courts. Et en même temps, on voit plus mes seins qu'avant sur la photo", souligne l'artiste. Avec cette nouvelle coupe, elle s'habille plus légèrement (chemise ouverte sur débardeur) tout en s'affirmant en "femme phallique". C'est l'objet de Damn, dis-moi, dont le texte évoque le plaisir féminin. Elle chante "Tape, tape, t'appuies au hasard pour la faire jouir" : "Là, je ne parle de moi, affirme l'artiste qui se définit comme pansexuelle, attirée par toutes les personnes où qu'elles se trouvent sur le spectre du genre. Ce n'était pas une pique aux filles qui ne sauraient pas toucher les filles, car je sais comment faire. Mais plutôt aux garçons qui ne savent pas faire. Ce single, c'est moi qui réclame le plaisir féminin. C'est Chris 'vénère' dans 'hétéroland'. Tout ce qui est lié, au corps, au plaisir, au désir des femmes n'a jamais été la grosse priorité. Tout est phallocentré. Et ce sont des mécanismes solidement ancrés." Exemple : quand on lui demande si ce n'est pas un tout petit peu tyrannique de tout vouloir maîtriser dans sa carrière ? "Mais est-ce qu'ils demanderaient ça à un mec ? Non. Ils se diraient : c'est un génie, il fait tout, tout seul."
Finalement cette transformation ne pourrait être qu'un vaisseau pour la nouvelle musique de Chris(tine)... Ce n'est certainement pas la première à jouer avec le genre, la sexualité, le trouble, à (s')offrir un changement de look radical. Mais tant que l'on demandera à une artiste si elle a vraiment produit toute seule sa musique (l'orfèvre Björk pousse régulièrement des coups de gueule sur le sujet depuis 2016), c'est aussi un message politique. On pense à Madonna qui avait invité Christine à la rejoindre sur scène à Paris en décembre 2015. La jeune Française avait outrageusement dragué son aînée en glissant une banane dans son pantalon. La mégastar avait adoré... Forcément.