Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel n'aura jamais fait autant parler de lui. On se souvient notamment de la polémique concernant Rachid Arhab et Françoise Laborde : les deux journalistes qui officiaient autrefois sur France Télévisions et siègent désormais au CSA... tout en étant encore employés par France Télévisions. Si les principaux concernés ne voient aucun problème ni aucun éventuel conflit d'intérêt entre leur rattachement à leur employeur et les dossiers à traiter en tant que membre du CSA, il n'en est pas de même pour de nombreux journalistes spécialisés dans les médias.
Cette polémique continue de subsister à quelques mois d'un dossier important concernant le groupe télévisuel : le mandat du nouveau patron de France Télévisions qui succédera à Patrick de Carolis (les rumeurs font état d'Alexandre Bompard, actuellement à la tête d'Europe 1). En effet, si le choix du nouveau boss de France Télévisions, groupe public, est imputable au Président de la République et au parlement (qui a son mot à dire aux 3/5e), le CSA porte tout de même un rôle de conseil sur cette décision. De ce fait, les détracteurs ont du mal à croire que Rachid Arhab et Françoise Laborde puissent être totalement objectifs sur l'avis à donner concernant le prochain patron de France Télévisions et donc... leur prochain employeur.
Pour éviter d'autres discordes et d'autres accusations de ce type, la Sage Christine Kelly a décidé de prendre les devants, d'après une information du Point.fr. Le site explique que la journaliste (qui a démissionné de LCI lors de sa prise de fonction au CSA, pour éviter justement un conflit d'intérêts) a choisi de se retirer de deux dossiers qu'elle était supposée gérer : le premier concerne l'encadrement de la publicité des jeux en ligne à la télé et à la radio ; et l'autre concerne la mission sur la représentation des associations dans les médias audiovisuels.
Pourquoi se retirer ? Pour des raisons éthiques. Le Point rapporte qu'il y a quelques semaines, la journaliste a été vue en tendre compagnie avec Jean-Christophe Adler, lobbyiste du site de paris en ligne Bwin. Ainsi, pour éviter qu'on l'accuse de favoritisme à un quelconque moment, elle "préfère ne plus s'occuper des jeux en ligne" même si elle n'entretient plus de relation intime avec cet homme. Concernant la représentation des associations à la télévision, son refus de traiter cette mission vient de la création de sa propre Fondation (pour aider les familles mono-parentales), sous l'égide de la Fondation de France. La volonté de François Fillon de voir les associations mieux exposées pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui bénéficient de la générosité des téléspectateurs (initiative prise suite à la polémique de l'affaire Pierre Bergé et du Téléthon), ne sera donc pas suivie par Miss Kelly.
Prendre autant de pincettes paraît superflu mais l'ancienne journaliste d'anticiper : "Je préfère être plus royaliste que le roi, car les attaques dont j'ai été la victime ont été odieuses et je soupçonne qu'on m'attend quelque part au coin du bois". Elle ajoute : "Je ne souhaite pas être en conflit d'intérêts".
Même si la Sage veut éviter tout conflit d'intérêts, ces précautions pourraient sembler un brin excessives... mais elle n'a sans doute pas tort, en période de turbulences, mieux vaut un grand parapluie !