Christophe Willem : sur scène, il se prend pour Madonna ! Aïe !

Christophe Willem est de retour sur scène. Son Coffee Tour, qui a démarré à Amnéville le 5 mai dernier, s'est arrêté hier soir au Zénith de Paris pour une première date comble (la seule date complète de la tournée à ce jour) et une date supplémentaire ce soir (il reste encore des billets disponibles).

Une tournée porteuse d'une bonne et d'une mauvaise nouvelle.

Commençons par la mauvaise nouvelle : la Tortue a mué, s'est transformée... Et le changement est radical : fini les ambiances délirantes et intimes de sa première tournée, place à un show à l'américaine, avec écran géant, scénographie millimétrée et tutti quanti. C'est accroché par le bras, hissé à plusieurs mètres au dessus du sol que Christophe Willem fait son entrée sur Berlin. Du déjà vu, enfin presque, car c'est à peine si on voit l'artiste qui n'est pas très éclairé.

Willem enchaîne avec frénésie Kiss The Bride et Plus Que Tout, puis enfonce le clou avec Tu te fous de nous pour un premier tableau énergique et enlevé. Comme ses pairs américains, Christophe Willem a découpé son show en plusieurs tableaux mais il s'avère que certains enchaînements ne sont pas franchement flagrants.

Sur scène, il est entouré de trois choristes lookés cuir, aux mouvements synchronisés et quasi-robotiques. Les musiciens, nous l'apprendrons au cours de la soirée, sont anglais (ils ont tourné avec Kylie Minogue auparavant) et irréprochables. La direction, musicale et les réorchestrations, co-signées par Willem, sont irréprochables aussi ou presque. Techniquement, le concert ne fait pas l'économie de jeux de lumière, sublimes, et tente quelques effets spéciaux pyrotechniques ou visuels.

Après une demi-heure de show, le concert tourne à la démonstration. Nous pénétrons par la suite dans le tableau Sex. Christophe Willem joue la carte de la provoc' en détournant son titre Bombe Anatomique avec une vidéo pseudo erotico-psycho-coquine, le tout remixé dans un shaker, avec le Erotica de Madonna. Sur scène, les deux choristes, Sarah et Claire, toujours de cuir vêtues, prennent des poses lascives tandis que Christophe attire vers l'autre côté de la scène, le troisième choriste, un garçon. C'est déjà vu et revu. Ce tableau Sex, on l'aura bien compris, est un hommage à Cher ou Britney Spears à moins que ce ne soit Christina Aguilera... non, non, non, c'est Madonna qu'il fallait répondre ! L'hommage est un peu trop appuyé pour ne pas paraitre prétentieux ou artificiel.

Quand arrive le tableau des duos, c'est sur Sensitized, son duo avec Kylie Minogue, que continue le spectacle. Kylie n'est pas là, les 3 choristes prennent la place de la mini diva australienne au côté de Christophe. Suivant. Skye, qui oeuvre en première partie sur la tournée, rejoint Christophe pour leur duo Trash. Si on est un poil déçu par l'arrangement, une partie de la salle semble être prise d'une passagère torpeur. Qu'importe, les deux compères s'en aperçoivent et c'est parti pour une séance de "Chantez avec nous". Toujours efficace. Christophe et Skye nous expliquent ensuite qu'ils rêvaient depuis longtemps d'une chanson à partager ensemble. Leur choix se porte sur Why d'Annie Lennox. Christophe Willem, c'est indéniable, est un garçon qui a du goût (et du bon). Mais si reprendre du Madonna est à sa portée, toucher à Why, s'avère être un petit plaisir qu'il eut fallu laisser au stade du voeu pieu. On ne touche pas à Annie Lennox impunément.

L'heure tourne, Christophe Willem enchaine les tubes, dont l'inévitable Jacques a Dit, qu'il interprète entouré d'un linceul blanc, comme tombé et accroché au ciel. C'est beau mais c'est froid. C'est la mauvaise nouvelle. A trop vouloir jouer les Madonna, Christophe Willem perd de son charme, sa subtilité se dilue dans un spectacle fourre-tout qu'il n'a au final, pas les moyens d'assumer complètement. Même la chanson que tout le monde attend, l'imparable Double Je, n'est pas à la hauteur de l'hystérie collective qu'on est en droit d'attendre – puisqu'on l'a déjà vu.

Si ce Coffee Tour va, dans son ensemble, ravir les fans, il est fort à parier qu'il va laisser de marbre le reste du public – pour preuve, les réservations stagnent et de nombreuses dates en province ont été annulées... L'Eurovision a bon dos !

La bonne nouvelle dans tout cela c'est que Christophe Willem chante toujours très bien. La voix est assurée, impeccable, chaleureuse. Et ce Coffee Tour se laisse agréablement regarder et écouter malgré ses imperfections.

Par ailleurs, alors qu'il admettait dans une interview au Parisien hier, le relatif échec de son album Caféïne, deuxième album qui a beaucoup moins bien marché que le précédent, il annonçait aussi qu'on lui avait demandé de faire l'Eurovision et que France Télévisions avait dit non. Le site jeanmarmorandini.com a joint Nicolas Pernikoff, le directeur des divertissements et des jeux de FT qui dément cette information. Bien au contraire, il précise que c'est la Tortue qui a refusé de faire l'Eurovision et qu'il a même répondu très tard. Il a la copie de tous les échanges entre la chaîne et le chanteur. Aïe... menteur en plus, le Christophe ?