Des blagues sexistes, des gestes déplacés, du harcèlement moral... Clémentine Sarlat garde un très mauvais souvenir de son passage à France Télévisions où pendant cinq ans, elle a tenté de s'imposer en tant que journaliste sportive dans ce milieu très masculin. Mais, en 2018, elle décide subitement de claquer la porte. Lors d'une interview pour L'Équipe, elle levait alors le voile sur le calvaire qu'elle a vécu. "J'allais à Stade 2 en pleurant. (...) Lors d'un duplex, j'ai entendu dans l'oreillette un homme en régie dire : 'Tu crois qu'elle suce elle aussi ?' C'est violent. Aux sports, c'était beaucoup plus sournois, à propos de mes compétences, ou alors des blagues bien lourdes." Un véritable traumatisme pour celle qui est enceinte de son deuxième enfant.
Après s'être longtemps "demandé si c'était assez grave pour prendre la parole", Clémentine dénonce et reçoit le soutien de France Télévisions qui, à travers un communiqué officiel, annonce l'ouverte d'une enquête interne. Le 1er août dernier, le verdict est tombé : trois salariés du service des sports vont être licenciés et un quatrième reçoit un blâme. Un résultat qui donne raison à la journaliste de 32 ans, au grand dam d'Alain Vernon, l'un des salariés licenciés.
#MeToo m'a tué
Contacté par Le Parisien , la figure historique de France 2 se dit "abasourdi" par la nouvelle assurant ne pas vouloir s'arrêter là et se tourner à son tour vers la justice. "Mon licenciement, comme ceux de mes deux camarades que je soutiens de tout coeur, est incompréhensible et inadmissible. Je vais évidemment le contester aux prud'hommes." Selon lui, il s'agit d'un "licenciement abusif" basé sur "des dénonciations mensongères, des propos diffamatoires". "Je n'ai jamais prononcé les phrases que l'on me reproche. Je n'ai jamais franchi de ligne rouge dans mon travail", se défend-t-il dans les colonnes du journal, soulignant être marié à une employée de France Télévisions qui aurait "été mise au courant" s'il avait harcelé des femmes au travail.
Par ailleurs, Alain Vernon se définit comme "l'un des plus féministes de la rédaction" et assure s'être toujours battu pour que des femmes intègrent les services des sports. "Bref, si j'étais misogyne, ça se saurait", résume-t-il, lui qui est visé par les plaintes de trois femmes. Et pour lui de conclure de manière très cash : "On a été sacrifié pour l'exemple. Je dénonce une chasse aux sorcières et aux hommes, menée par un féminisme aveugle. #MeToo m'a tué."
Tout comme Alain Vernon, Pierre-Etienne Léonard, l'un des trois journalistes de la direction des sports de France Télévisions licenciés, va également contester son éviction devant les prud'hommes. Une annonce faite vendredi 7 août par son avocate. "Le motif de licenciement est totalement infondé", a souligné son conseil Mathilde Derudet dans un communiqué.
Son client entend bien faire valoir devant cette instance "l'absence totale du moindre comportement ou du moindre propos discriminatoire en apportant de nombreux témoignages", a ajout2 l'avocate, membre du cabinet fondé par l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard.
L'avocate estime que le motif du licenciement de son client est relatif à un "contexte général, alors qu'aucun fait directement imputable ne peut lui être reproché".