Le gouvernement était plutôt en retrait dans le conflit qui oppose, au sein de l'Audiovisuel Extérieur de la France (AEF), son numéro un, Alain de Pouzilhac, et sa numéro deux, Christine Ockrent. Le président, qui nomme les dirigeants de l'audiovisuel, pouvait à tout moment mettre un terme au conflit en remerciant l'un ou l'autre, voire les deux. C'est finalement Matignon qui se réveille.
Le Premier ministre François Fillon aimerait en effet comprendre les rallonges de budget demandées par Alain de Pouzilhac : 2,3 millions d'euros en 2012 et 3,5 millions en 2013. D'après LePoint.fr, le Premier ministre prévient dans un courrier (envoyé par son directeur de cabinet) que l'État déclenche une enquête de l'Inspection générale des finances (IGF) sur les comptes de l'AEF. Matignon confirme l'envoi de courrier à l'AFP.
Selon LePoint.fr, François Fillon "se donne les moyens de trancher sur la question au coeur du conflit professionnel entre Alain de Pouzilhac et sa numéro deux, Christine Ockrent : qui est responsable des dépassements budgétaires de France 24 ?" Rappelons que l'AEF est une holding qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5 Monde.
Pour Alain de Pouzilhac, le dépassement de budget est seulement imputable à Christine Ockrent. Selon lui, elle ne souhaitait pas lancer France 24 en arabe et a préféré embaucher 32 personnes à la rédaction francophone. Lorsqu'il reprend les rênes à l'automne 2010, il est bien obligé de tirer sur son budget pour la version arabe de la chaîne. Selon LePoint.fr, les inspecteurs des finances vont devoir vérifier ses dires.
Par ailleurs, le personnel de RFI vient de demander le gel des réformes en cours à savoir la fusion au sein de l'AEF, le déménagement et le plan social. Après le refus du tribunal de commerce de nommer un administrateur provisoire en lieu et place du duo Pouzilhac-Ockrent, une assemblée du personnel se tiendra jeudi.
Preuve supplémentaire du malaise au sein des rédactions, l'intersyndicale de RFI (FO, SNJ, SNJ-CGT,SNRT-CGT) a publié mardi un communiqué pour annoncer que le comité d'entreprise, dénonçant "une gestion déséquilibrée" de l'AEF et un "projet de fusion totalement incohérent", avait "solennellement" demandé - et c'est très nouveau ! - la démission de M. de Pouzilhac !
Est également attendue la saisie d'un juge d'instruction dans l'affaire d'espionnage qui plombe France 24.
Enfin, Christine Ockrent constituerait, d'après LePoint.fr, un dossier pour harcèlement moral contre Alain de Pouzilhac, qu'elle inonde actuellement de lettres recommandées.
L'intervention de Matignon dans cet imbroglio sonne-t-il le début de la fin pour le duo terrible Ockrent-Pouzilhac ?