Ce 10 juillet 2016 devait être sa soirée, celle du sacre. Pourtant, lorsqu'à la 24e minute, Cristiano Ronaldo quitte le terrain sur une civière, blessé au genou gauche et en larmes, on se dit que la soirée vire au cauchemar pour la star portugaise.
Mais avec abnégation, résistance et réalisme, ses compatriotes vont réussir l'impossible : remporter, sans lui, l'Euro 2016, au terme de 120 minutes de suspens. Sur le banc de touche, le genou strappé et debout sur une jambe, Cristiano Ronaldo donnait autant de voix que son coach, faisant les cent pas dans la zone technique de son banc de touche. Au coup de sifflet final, CR7 a pu laisser exploser sa joie et savourer le premier grand trophée international de son pays.
Pourtant, l'attaquant qui évolue au Real Madrid n'aura pas fait un grand Euro. Trois buts, quelques beaux gestes techniques, mais avant tout une influence plus psychologique que technique sur le terrain. À l'image d'un Portugal qui n'aura pas brillé, remportant un seul match dans le temps règlementaire (victoire en prolongations face à la Croatie, aux tirs aux buts face à la Pologne et 2-0 contre le Pays de Galles) en servant un jeu pauvre voire parfois absent.
Mais qu'importent les stats, les analyses footballistiques, le fait est là : Cristiano Ronaldo est champion d'Europe. Un titre qui vient parfaire une année exceptionnelle pour le joueur de 31 ans, qui avait également remporté la Ligue des Champions avec le Real Madrid. Quant à sa rivalité avec Lionel Messi, Ronaldo le dépasse clairement en s'offrant un titre en sélection, ce que l'Argentin n'a jamais réussi à faire.
"Ça a été un match avec les deux scénarios, la tristesse et la joie. Ce que je peux dire, c'est que c'est un des moments les plus heureux de ma vie, au niveau de ma carrière de joueur professionnel. C'est un moment unique. J'ai pleuré et je pleurais encore il y a cinq minutes avec ma famille, mes amis. Je suis très heureux. J'ai gagné tout ce que je pouvais gagner avec mes clubs, mais il manquait quelque chose avec l'équipe nationale. J'ai réussi ! Je n'y suis pas parvenu de la manière que j'imaginais, et j'étais un peu dégoûté de devoir sortir, je ne voulais pas gagner comme ça. Mais le Portugal le méritait", a clamé le buteur pour qui ce sacre européen "représente des années d'efforts". "Personne ne croyait en nous. Nous avons eu un peu de chance, mais il en faut", a-t-il assuré à L'Equipe, en écho à l'Euro faible de son équipe.
En tribunes, la famille de Cristiano Ronaldo a vibré. La tristesse, suite à la sortie du champion, a laissé place au bonheur incommensurable. Cristiano Jr, plus beau soutien de son papa, était le premier à donner de la voix du haut de ses six ans. Toute la famille, aux couleurs de la Selecção a ensuite prié pour que le Portugal se défasse de la France.
Sur Twitter, c'est la mère de CR7 qui s'est distinguée. Dolores Aveiro, présente au stade, n'a pas manqué d'égratigner Dimitri Payet, auteur du contact qui blessait indirectement Cristiano Ronaldo à la 8e minute de jeu. "Je ne peux pas voir mon fils comme ça. La règle du jeu est de jouer au ballon, pas de blesser l'adversaire", écrivait-elle, ulcérée, en légende d'une photo où son fils adoré était en larmes, conscient que son genou ne lui permettrait pas de tenir plus longtemps. "Cette image est douloureuse, il avait une incroyable envie de finir le match", alors que Cristiano quittait le terrain sur la civière. "Mon fils a abandonné mais notre sélection peut gagner. J'ai le sentiment que nous allons soulever cette coupe", surenchérissait-elle, attristée mais sereine quant à l'issue de la soirée. Et ses prières et sa ténacité ont eu raison du destin, puisqu'Eder a délivré tout un peuple à la 109e, faisant chavirer de bonheur, en larmes, et sa mère. "Ma plus grande joie cette nuit après cette peur. Ton bonheur est mon bonheur. Le rêve accompli", concluait-elle.