Satisfait de l'énoncé du verdict à l'encontre d'Iñaki Urdangarin et de dix-huit autres prévenus dans le procès Noos vendredi 17 février 2017, le procureur du parquet anti-corruption Pedro Horrach signalait, interrogé à la sortie du tribunal de Palma de Majorque sur l'incarcération du gendre du roi Juan Carlos Ier, que cette sentence était "à effet immédiat". Pas si immédiat que cela... Condamné à six ans et trois mois de prison ainsi qu'au versement de 512 553 euros pour détournement de fonds, malversation, fraude fiscale, trafic d'influence, escroquerie et blanchiment d'argent, le mari de l'infante Cristina d'Espagne, relaxée dans la même affaire, est pour l'heure toujours libre et va le rester encore un moment, sans même avoir à verser de caution.
Ce jeudi 23 février, le tribunal des îles Baléares a décidé le maintien de la liberté provisoire d'Iñaki Urdangarin dans l'attente d'une décision de justice définitive et a rejeté la demande d'une caution de 200 000 euros formulée par le procureur, estimant qu'il n'y a pas matière à craindre une éventuelle fuite – d'autant que l'intéressé est placé sous escorte policière. Procureur qui, étrangement, avait demandé le maintien en liberté en échange d'une caution après avoir initialement envisagé l'incarcération immédiate.
Jusqu'au jugement définitif, l'ancienne gloire du handball espagnol peut continuer à vivre avec l'infante Cristina et leurs quatre enfants à Genève, en Suisse, où ils se sont installés en 2013 au plus fort de la tempête, pendant l'instruction du dossier. Il fait seulement l'objet d'un contrôle judiciaire qui lui impose de se présenter le premier jour de chaque mois devant "l'autorité judiciaire de ce pays" et d'informer le tribunal de tout déplacement en dehors de l'UE ou tout changement de domicile, même temporaire. A sa sortie du tribunal, l'homme de 49 ans a dû essuyer des huées de manifestants le traitant une nouvelle fois de "chorizo", un terme populaire signifiant "voleur", relate l'AFP. Si la décision des trois juges n'est pas "anormale", d'après le porte-parole d'une association de magistrats cité par l'AFP, la réaction populaire a été largement défavorable, dénonçant une justice qui n'est pas la même pour tous...
Marié depuis octobre 1997 à l'infante Cristina et père de quatre enfants avec elle (Juan Valentin, 17 ans, Pablo Nicolas, 16 ans, Miguel, 14 ans, et Irene, 11 ans), Iñaki Urdangarin a été reconnu coupable du détournement de 6,1 millions d'euros d'argent public par le biais de diverses manoeuvres illicites entre 2006 et 2008, alors qu'il était président de l'Institut Noos, organisation à but non lucratif mandatée pour l'organisation d'un grand congrès international sportif et touristique à Palma de Majorque. Son associé de l'époque, Diego Torres, a écopé de huit ans et six mois de réclusion assortis de huit années d'interdiction d'exercer et d'une amende de plus de 1,7 million d'euros.
Elle-même mise en examen en 2013 pour fraude fiscale, la fille cadette du roi Juan Carlos Ier et de la reine Silvia, codirectrice avec son époux d'Aizoon, qui a servi de société-écran pour abriter les sommes détournées, a été relaxée mais condamnée à 265 088 euros d'amende au titre de sa "responsabilité civile solidaire". Pendant toute l'instruction et pendant le procès, qui s'est tenu entre janvier et juin 2016, l'infante a maintenu sa ligne de défense, assurant avoir eu une confiance aveugle en son mari et n'avoir pas été au courant de ses activités.
Au moment de l'annonce ce jeudi de la décision prise à huis clos par le tribunal concernant la liberté provisoire d'Iñaki Urdangarin, l'infante Cristina se trouvait à Barcelone, arrivée la veille. Elle s'est rendue au siège de la Fondation La Caixa, pour laquelle elle continue de travailler à Genève, au sein de la division internationale.
GJ