Procès Noos : Cristina d'Espagne lâche son job, Iñaki ne lâche rien
Publié le 29 février 2016 à 19:41
Par Guillaume J.
L'infante sera la dernière à être entendue. La semaine dernière, c'était au tour de son mari ; un grand numéro de funambule et de candide...
Iñaki Urdangarin devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne, visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif. Iñaki Urdangarin devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne, visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif.© BestImage
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin à la sortie du tribunal à Palma de Majorque le 16 février 2016 lors du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
Iñaki Urdangarin prend la place de son ancien associé Diego Torres devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne (au fond à gauche), visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif.
Diego Torres, ancien associé d'Iñaki Urdangarin, au tribunal à Palma de Majorque lors du procès Noos le 23 février 2016.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 24 février 2016 pour la suite du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
Iñaki Urdangarin devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne, visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 24 février 2016 pour la suite du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
Iñaki Urdangarin devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne, visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif.
Les accusés du procès Noos, dont l'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin, au dernier rang, au tribunal à Palma de Majorque le 11 janvier 2016 lors de l'ouverture du procès Noos.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 12 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 24 février 2016 pour la suite du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
Iñaki Urdangarin devant les juges lors du procès Noos à Palma de Majorque le 26 février 2016. Le mari de l'infante Cristina d'Espagne, visé par cinq chefs d'inculpation et qui encourt jusqu'à près de 20 ans de prison, est accusé de détournement de fonds entre 2004 et 2006 lorsqu'il présidait l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 23 février 2016 pour la suite du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin, au fond, avec les prévenus au tribunal à Palma de Majorque le 24 février 2016 pour la suite du procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 12 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 12 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 11 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 11 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
L'infante Cristina d'Espagne et son mari Iñaki Urdangarin arrivent au tribunal à Palma de Majorque le 10 février 2016 pour le procès Noos, dans lequel tous deux sont sur le banc des accusés.
Diego Torres et Ana Maria Tejeiro Losada - Arrivées au procès "Case Noos" à Palma de Majorque. Le 24 février 2016  Arrivals at the trial of the "Case Noos" in Palma de Mallorca. Wednesday 24 February 201624/02/2016 - Palma de Majorque
Diego Torres, ancien associé d'Iñaki Urdangarin, au tribunal à Palma de Majorque lors du procès Noos le 23 février 2016.
Diego Torres, ancien associé d'Iñaki Urdangarin, au tribunal à Palma de Majorque lors du procès Noos le 23 février 2016.
Diego Torres, ancien associé d'Iñaki Urdangarin, au tribunal à Palma de Majorque lors du procès Noos le 23 février 2016.
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À leur tour, l'infante Cristina d'Espagne (50 ans) et son mari Iñaki Urdangarin (48 ans) déposent devant les trois juges qui instruisent, dans un tribunal de Palma de Majorque, le procès des dix-neuf prévenus, dont eux, de l'affaire Noos. Entamé le 11 janvier, il avait été aussitôt suspendu pendant près d'un mois, le temps d'étudier – et de rejeter – la demande de non-lieu déposée par les avocats de la fille cadette du roi Juan Carlos Ier, inculpée de complicité de fraude fiscale, puis avait repris en février, sur les chapeaux de roues.

Le couple, banni par la famille royale (Cristina a même été déchue de son titre ducal par son frère le roi Felipe VI) et exilé à Genève, a ce jour-là entendu un ancien ami, José Luis Ballester, alias Pepote, révéler certains des sales secrets de la colossale entreprise de détournement de fonds opérée par le gendre de l'ancien roi et son ex-associé Diego Torres. Un hors d'oeuvre pour le moins indigeste, alors que le procès doit durer jusqu'au 30 juin et qu'Iñaki Urdangarin, jugé pour détournement de fonds, fraude fiscale, trafic d'influence, escroquerie et blanchiment d'argent, encourt jusqu'à près de vingt ans de prison...

Pepote, un ancien ami qui ne vous veut plus du bien

Pepote a choisi de se repentir et de collaborer avec la justice en échange d'une réduction de peine dès 2010, avant que l'affaire n'éclate au grand jour et n'éclabousse dramatiquement la famille royale, plombant la fin de règne de Juan Carlos Ier. Champion olympique de voile aux JO d'Atlanta 1996 au sein d'une délégation dont faisait aussi partie Iñaki Urdangarin, médaillé de bronze avec l'équipe espagnole de handball, l'homme a notamment raconté comment, nommé directeur général des Sports des Baléares en 2003, il a alors retrouvé sur sa route son ami de longue date et fait affaire avec lui. Le gendre du roi s'apprêtait à cette époque à négocier ses premiers contrats en tant que président de l'Instituto Noos, un organisme à but non lucratif en charge de l'organisation d'événements sportifs, notamment un grand congrès international "Tourisme et Sport" (surfacturé 1,2 million d'euros pour deux jours), dans les îles Baléares.

José Luis Ballester a ainsi évoqué une réunion au palais de Marivent, résidence de la famille royale à Palma de Majorque, avec Iñaki et Jaume Matas, l'ancien président des Iles Baléares, ancien ministre également mis en examen dans l'affaire Noos et déjà condamné à de la prison pour une autre affaire de corruption, et confirmé des procédés plus que douteux. Il a épinglé à la barre des décisions prises par son supérieur d'après des compte-rendu de réunions qui n'avaient jamais eu lieu et des contrats conclus sans le moindre appel d'offres. Le gendre du monarque avait obtenu que la région sponsorise l'équipe cycliste Banesto qu'il représentait à hauteur de 18 millions sur trois ans, puis décroché des contrats en or pour Noos, dont ce fameux événement international. Parlant de "prix complètement disproportionné" basé sur "un budget fictif", l'accusation a fustigé la création de Noos "dans le seul but" de profiter du "prestige social de prétendues actions altruistes" et d'"avoir accès à des subventions", et pointé du doigt les prestations fictives et surfacturées qui ont permis à l'époux de l'infante et à son associé de détourner près de 6,2 millions d'euros. Des fonds, "obtenus d'organismes publics et de sociétés privées", qui étaient transférés à des sociétés-écrans, dont Aizoon, détenue pour moitié par Cristina d'Espagne, qui passe pour avoir financé de nombreuses dépenses personnelles du couple princier – voyages, travaux ou cours de danse...

Le mari de l'infante devant les juges : bénis les ignorants...

Au fil des jours et des audiences, les révélations sulfureuses se sont enchaînées. Diego Torres, qui a déjà largement chargé son ancien associé et son épouse, et jusqu'au roi Juan Carlos Ier, a persisté et signé, répétant notamment qu'un avocat du palais, Jose Manuel Romero, supervisait les activités de Noos. Il s'est toutefois montré plus timide que par le passé concernant l'implication éventuelle de l'infante...

Jeudi 25 février, Iñaki Urdangarin, l'un des principaux protagonistes, était l'avant-dernier à être entendu par les juges, avant Cristina, dernière de la liste. Sous la menace de huit ans d'emprisonnement, l'infante, employée depuis 1992 par la Fondation de la banque La Caixa et mutée en Suisse à l'été 2013 alors que le scandale enflait, a été contrainte de prendre un congé sans solde en raison du procès. Son époux, lui, a dû quitter dès 2011 son poste chez Telefonica à Washington pour rentrer au pays affronter la justice. Lorsqu'il s'est présenté devant les juges, et en particulier le juge José Castro, qui a opiniâtrement mené l'enquête et monté le dossier de l'accusation, l'ancienne gloire du hand ibérique n'a pas varié sa défense : comme lors de ses précédentes auditions, il s'est contenté de donner des réponses évasives et fuyantes... "Je ne sais pas", "je ne me souviens pas", "j'imagine que..." étaient ses parades, rapporte le quotidien El Pais.

S'il a admis des emplois fictifs au sein d'Aizoon, la société qu'il détient avec Cristina, il dit n'en avoir eu connaissance que lorsque l'information judiciaire l'a révélé en 2010 et en rejette la faute sur l'ancien conseiller financier et secrétaire de l'Instituto Noos, Miguel Tejeiro. Candide, il a semblé ignorer bien des choses, pour un patron. Tout aussi candidement, il s'est dit totalement ignorant du fonctionnement pratique de l'Instituto Noos – factures, budget, ressources humaines –, allant même à un moment jusqu'à contester l'authenticité de sa signature sur un document. Idem encore quand le procureur Pedro Herrach l'a interrogé sur les 900 000 euros versés par le gouvernement régional de Valence pour l'organisation d'un événement en 2004, dont 400 000 ont atterri dans les caisses des sociétés écrans. Iñaki Urdangarin s'est alors déclaré "pas familier" avec le dossier. Il a par ailleurs réfuté les accusations de commissionnements portées par jaume Matas.

Le procès doit reprendre mercredi. Ce sera au tour de l'infante Cristina de parler, et l'on peut s'attendre à un exercice de langue de bois tout aussi remarquable.

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