Laszlo Jones s'est auto-proclamé Roi du Monde, qu'il a arpenté en tous sens. Mais il est également King of Bling-Bling, et, bien qu'il n'exerce pas dans le rap, domaine de prédilection du fils aîné de Nicolas Sarkozy, Pierre Sarkozy - alias Mosey - produit cet artiste complètement barré et atypique (est-ce pour lui qu'il a récemment sollicité un coup de pouce ?). Croisement du trash chic fantasque et Rimmelé de Jack Sparrow, et de la décadence rock débraillée d'Anthony Kiedis... version patchwork musical.
"Mon père est néerlandais, d'origines américaine et hongroise, et ma mère a du sang turc et italien. En fait, je suis un peu un cheeseburger double bacon avec cornichons et oignons, un peu relevé", s'auto-portraiture l'intéressé, qui s'est modelé un personnage calqué sur l'image de ce qu'il exècre.
Globe-trotter naturel du fait de la vie itinérante de ses parents, cet étonnant freak type se dévoile dans un premier webisode, à découvrir ci-dessus, qui cristallise le meilleur de ses expériences à Singapour, Bangkok, Bahrein, Milan, Chicago, Londres : "Je suis né à Beyrouth, à l'aube des années 1980. Super endroit ! Feux d'artifice tous les soirs, batailles de boules de neige, petites chamailleries entre voisins, et ensuite, mes parents ont décidé de faire le tour du monde. J'ai appris plein de choses : au Bahrein, j'ai appris que l'or noir valait plus que l'or blanc ; à Singapour, j'ai appris à quel point il était facile pour un dictateur de prendre le métro : en Thaïlande, j'ai appris à quel point c'était facile de se faire du fric en adoptant un enfant". Politiquement incorrect...
Après des années à oeuvrer sur la scène underground, à Londres et à Paris (où il a étudié), au sein de formations rock confidentielles, Laszlo Jones s'est attelé en solitaire à l'élaboration de son premier album, Banana Nation, un digest de ses observations. A l'aune de son identité cosmopolite, il annonce un style transgénique, qui hybride les sons oldies (le calypso de Harry Belafonte, par exemple), les volées métalleuses sauvages, la fantaisie du musical façon Broadway dans son interprétation, des lignes mélodiques à la Stevie Wonder (que sa mère écoutait), du funk, du groove, du hip hop.
Véritable caricature ambulante, doté d'un groove glamour et d'un cynisme joueur qui font de lui une sorte d'incarnation du diable, Laszlo Jones, en plus d'être produit par le fils Sarkozy, se paye le luxe de l'inviter dans le clip de Download me, I'm free. Une chanson dont on distingue clairement le motif, qui fait figurer dans sa vidéo (à regarder ci-dessus) un Pierre Sarkozy ultra bling-bling (costard, raie plaquée, lunettes "Kanye West", pendentif $...) et intronisé "Prince of Hip Hop", fier de son fait. A télécharger depuis le site officiel de Laszlo.
Si Sacha Baron Cohen (Borat, Brüno) avait eu l'idée de faire carrière dans la musique (et on a pu apprécier le talent vocal du Britannique dans Sweeney Todd), il serait probablement devenu Laszlo Jones.
Guillaume Joffroy