Voilà trois ans que Diam's a plongé ses fans dans le silence. En novembre 2009,Diam's sortait son quatrième opus, S.O.S., un album autobiographique bouleversant. Un album adieu ? Pour la promotion, Mélanie Georgiades, de son vrai nom, refusait toutes les interviews, préférant même chanter ses réponses sur le plateau de Taratata.
Le 27 septembre signera son retour. Diam's sortira en effet à cette date son autobiographie. Un ouvrage très attendu qui s'intitule sobrement Diam's autobiographie (Éditions Don Quichotte). La semaine dernière, le magazine VSD délivrait de premières informations autour de l'affaire. Quelques jours plus tard, l'intéressée dévoilait via sa page Facebook un texte introductif à son autobiographie. Dans ces 320 pages, Mélanie et Diam's, "double de lumière qu'elle s'est créé", se dévoilent. Devenue maman à 32 ans, elle raconte la gloire qu'elle a connue, sa dépression mais aussi sa conversion à l'islam. Le Nouvel Observateur dévoile plusieurs extraits de cette oeuvre très attendue...
Un père absent
Jusqu'à l'âge de 10 ans, Diam's ne voit son père que trois fois par an. "Progressivement, mon père et moi nous sommes ainsi éloignés l'un de l'autre. Il me manquait, beaucoup même, et j'avais l'impression qu'il était en train de m'abandonner", écrit-elle au sujet de ce père chypriote.
Une absence terrible pour Mélanie : "ll me semble que nous sommes restés trois à quatre ans sans communiquer. C'est à ce moment-là qu'une certaine rancoeur est née en moi", se rappelle-t-elle dans les pages de son autobiographie.
Le rap, une obsession
Au sujet de cette musique si importante dans sa vie, Diam's écrit : "Le rap était devenu ma passion, il n'y a pas d'autres mots pour décrire le lien entre cette musique et moi. Elle était une obsession, comme si ma vie avait pris là tout son sens." Diam's, c'est le nom qu'elle choisira pour s'imposer dans cet univers essentiellement masculin. Diminutif du mot diamant, Diam's semble parfaitement lui coller à la peau. "Selon la légende, il ne peut être brisé que par un autre diamant. Le concept m'a plu", confie Mélanie, "Nous étions en 1993 lorsque je suis devenue Diam's."
"Je suis devenue un vrai tyran, je regrette mon comportement"
Le succès est immense. "Le succès m'a propulsée du rang de chômeuse à celui de patronne", explique-t-elle. Des ventes par milliers. Des ventes qui génèrent de grosses sommes d'argent. Diam's devient alors un "vrai tyran" dans le travail. "Aujourd'hui, je regrette mon comportement car, pour être sincère, qu'est-ce que j'ai pu gueuler", avoue celle qui a été aussi exigeante avec elle-même qu'avec les autres.
Diam's commence alors à ne plus supporter l'inactivité, les silences l'angoissent.
Une course après l'amour
Le début d'une dépression ? Probablement. Diam's et Mélanie ne font plus qu'une. Une seule et même personne qui souffre terriblement et noie ses peurs dans un travail acharné. Mais le mal commence à la dépasser : "Je passais souvent d'un état à un autre sans raison apparente. Ces sautes d'humeur gâchaient mon quotidien."
Diam's va mal. Sa célébrité n'y change rien. "Il m'arrivait de pleurer seule comme une enfant en allant me coucher. Sur l'oreiller, je cogitais nerveusement, j'étais prise d'insomnies car mille choses ne cessaient de me torturer", écrit-elle. Réfléchir la fait souffrir. Le besoin de dormir devient alors vital. Elle commence alors à "avaler quelques cachets pour faciliter le sommeil".
"Je courais après l'amour, reconnaît la rappeuse. Je voulais qu'on m'aime, parce que toute ma vie j'avais manqué d'attention. L'absence de mon père était un problème central dans ma vie."
La clinique psychiatrique
Comment oublier le passage de l'artiste sur la scène des 23e Victoires de la musique ? Nommée dans deux catégories, elle vient chanter Ma France à moi en direct sur France 2. Visiblement très émue, elle lance à la fin de son titre : "Je ne connais pas l'avenir de mon prochain disque. Ce sont peut-être mes dernières Victoires de la musique. Merci." Saisi par ces phrases énigmatiques, le public s'est levé spontanément. Bouleversée, la jeune femme a éclaté en sanglots.
Elle s'explique aujourd'hui à travers son autobiographie : "Deux semaines plus tôt je sortais tout juste de la clinique psychiatrique. Je venais d'y faire un séjour d'un mois et demi, et d'entamer ma discrète mais indéniable descente dans les ténèbres. Si je me suis retrouvée dans cet endroit, c'est tout simplement parce que, deux jours auparavant, j'avais été prise d'une crise de folie, toute seule chez moi." Elle ne rentrera pas dans les détails de cette crise d'angoisse sordide mais avoue aujourd'hui qu'elle n'était plus maîtresse de sa personne : "J'avais été à deux doigts de me tuer ou de faire une très grosse bêtise. J'étais devenue dangereuse pour moi-même."
Travaillant moins, Diam's a du temps pour réfléchir. Ce temps et ces réflexions lui jouent des tours. Sa douleur doit s'extérioriser, sa souffrance doit alors exploser...
Un psychiatre lui fait comprendre qu'elle a besoin d'un repos sous surveillance et assistance et "surtout sous silence". Elle déclare aujourd'hui : "Je suis passée du statut de personnalité publique à celui de patiente dite 'à problèmes', internée dans une maison pour les gens à l'esprit un peu dérangé."
Dans cette clinique Villa-des-Pages, Diam's ou peut-être Mélanie réalise alors qu'elle est à "bout de forces, à bout de rêves, à bout de vie, à bout d'illusions".
Sa tentative de suicide
"Mélanie, tu es bipolaire depuis toujours, tu as su vivre avec ta maladie durant vingt-sept ans sans prendre de médocs, pourquoi faudrait-il que, du jour au lendemain, tu en aies besoin ?", écrit Diam's. Des mots durs, forts. Elle décide de cesser de prendre ses médicaments du jour au lendemain. Elle angoisse encore plus. Elle décide alors que la seule solution à ses angoisses est encore le sommeil. Elle ne veut pas mourir mais ne veut plus être consciente. Un après-midi, elle absorbe la quasi-totalité du flacon alors que seulement dix gouttes diluées dans l'eau la faisaient dormir dix heures.
"La preuve que je ne voulais pas mourir, j'ai moi-même appelé les pompiers en leur disant : 'Je crois que j'ai abusé de tel médicament.' La personne au bout du fil m'a simplement demandé : 'Laissez votre porte ouverte, madame, nous vous envoyons une équipe de suite.' Je me suis exécutée, j'ai entrouvert ma porte, puis je suis tombée K.-O.", confie Diam's dans les pages de son autobiographie.
Sa conversion à l'islam
Après la sortie de S.O.S., Diam's se retrouvait alors au coeur d'une véritable polémique, une photo d'elle voilée à la sortie d'une mosquée de Gennevilliers ayant été publiée quelques semaines plus tard. Comment a-t-elle trouvé ce chemin vers Dieu ? Elle raconte aujourd'hui afin de rétablir la vérité.
Celle qui a connu la consécration avec ses albums Brut de femme et Dans ma bulle explique qu'elle a un jour suivi l'une de ses amies musulmanes, "Sousou". Elle l'a entendue dire qu'elle allait prier et a eu l'envie de faire de même. "Je suivais ses faits et gestes sans trop poser de questions. Pour la première fois de ma vie, je suis entrée en prière. Quelle sensation étrange. Le front et le nez collés au sol, les mains posées à plat sur le parquet de la chambre, ce soir de décembre, je me suis prosternée. Jamais de ma vie je ne m'étais retrouvée dans cette position et, pour la première fois, j'ai eu la sensation réelle de m'adresser à Dieu", raconte-t-elle.
Après avoir achevé de lire le Coran, la voilà décidée : elle allait se convertir à l'islam. Elle s'est adressée à Dieu et l'a pris pour témoin. Elle se rappelle de ce moment, l'un des plus importants de sa vie, peut-être même le plus important : "J'ai vécu un moment de ferveur et de sincérité qui m'a transportée au-delà des mots. Après cela, je me sentais musulmane, j'étais musulmane."
Diam's autobiographie de Mélanie Georgiades, 352 pages - 19,90 euros, le 27 septembre 2012.
Chloé Breen