Le 9 mars 2015, un terrible accident est survenu en Argentine sur le tournage du jeu d'aventure de TF1 et produit par ALP, Dropped. Deux hélicoptères sont entrés en collision, entraînant la mort de dix personnes. Parmi les victimes, des sportifs de haut niveau comme la nageuse Camille Muffat, le boxeur Alexis Vastine et la navigatrice Florence Arthaud. Quatre ans après le drame, la plaie est toujours ouverte...
Auprès de nos confrères du Parisien, Bénédicte Mei, la mère de Lucie Mei-Dalby, journaliste de 37 ans et mère de deux enfants ayant trouvé la mort dans l'accident, raconte un deuil impossible. Le 3 avril 2015, quelques semaines après le drame, une information judiciaire a été ouverte à Paris pour "homicide involontaire par violation délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité". Depuis, les proches des victimes attendent que justice soit faite.
"Le temps judiciaire est long, éprouvant et injuste, lance Bénédicte. Sept procédures civiles sont en cours en France. Nous assistons à toutes les audiences et supportons les contre-vérités assénées par les avocats d'ALP." Et de préciser : "Ils assurent que l'hélicoptère est le moyen de transport le plus sûr (pourquoi donc dix morts ?), que le pilote a été ébloui par le soleil (l'expertise n'a pas retenu cette hypothèse), que le vol n'a servi qu'au transfert des candidats et du personnel technique (mais les deux cameramen filmaient pendant le vol)..." Dépitée, Bénédicte confie que "ALP estime que l'affaire est réglée" depuis que les assurances ont indemnisé les familles. "Mais les victimes ne sont pas des biens de consommation. Nos proches n'auraient pas laissé leur vie dans ce tournage si la sécurité requise avait été respectée", déplore-t-elle.
Les victimes ne sont pas des biens de consommation
Aujourd'hui, ses rapports avec ALP et TF1 sont tout simplement "inexistants". Elle déplore encore le fait que Louis Bodin avait commenté le crash en direct au journal de 20 heures au lendemain de l'accident "devant les carcasses fumantes des hélicoptères contenant les corps de [leurs] proches en train de se consumer". "De la vraie télé-réalité, un jeu d'aventure mortel pour de bon. Aucune excuse ne nous a jamais été présentée pour nos morts, objets d'un spectacle morbide proposé à des millions de téléspectateurs", conclut Bénédicte.
En avril 2018, trois ans après la tragédie, ALP a été condamnée pour "faute inexcusable" et les familles des victimes avaient obtenu des réparations financières. Un verdict pour lequel la société de production avait fait appel et en novembre de la même année, la cour d'appel de Versailles avait radié la demande de la famille de Laurent Sbasnik, qui travaillait comme cameraman sur le programme.