Palace prestigieux et très onéreux du Cap d'Antibes, l'Eden Roc a vu défiler depuis sa création de nombreuses célébrités : de Mick Jagger à Sean Penn, de Kenzo à l'illustre Charlie Chaplin en passant par Elizabeth Taylor, Franck Sinatra, Bernard-Henri Levy et Arielle Dombasle, Alain Delon, Sharon Stone, la famille pour le Festival de Cannes 2008, ou encore John Lennon et Yoko Ono. Niché dans une pinède et disposant de villas privées, cet endroit magique ne cesse d'attirer les stars en période de vacances ou de Festival.
Mais aujourd'hui, l'hôtel risque bien de voir sa réputation entachée, par une sale histoire. Jean-Claude Irondelle, l'ancien directeur qui a passé 50 ans à l'Eden-Roc et officié à la tête de l'établissement près de 35 ans, comparaît demain devant un juge d'instruction de Grasse, le juge Didier Guissart, qui doit l'entendre dans le cadre d'une information judiciaire, sous le régime de témoin assisté.
Pourquoi ? L'histoire remonte à 2005, année où M. Irondelle est parti à la retraite et que la nouvelle direction a commandité un audit sur sa gestion. Celle-ci aurait alors découvert de nombreuses malversations dans la gestion de l'établissement... M. Irondelle est accusé d'avoir détourné de l'argent et plus particulièrement des espèces à des fins personnelles. L'actuelle direction a donc déposé une plainte contre X en juillet 2006 pour "vols et escroqueries en bande organisée, abus de bien sociaux, vols et abus de confiance" ! Un audit publié par Le Journal du Dimanche révèle un préjudice comptable avoisinant les 750 000 euros, juste pour les années 2003 à 2005. On parle d'un préjudice total qui se chiffrerait en millions d'euros, avec un système d'exploitation occulte de l'hôtel, sans aucune facture. D'après la publication, il aurait, entre autres, fait nourrir ses deux chiens avec de la viande de qualité livrée quotidiennement aux frais de l'établissement. Ce n'est peut-être pas le plus grave !
Alors que Jean-Claude Irondelle se déclarait serein lors d'un entretien au JDD du week-end dernier et qu'il avait réfuté toutes les accusations portées contre lui, il aurait selon l'avocat du célèbre palace, Me Jean-Jacques Rinck, proféré des menaces envers l'actuel directeur Philippe Perd et sa famille, en se présentant devant la porte de l'hôtel mardi matin, et ce devant tout le personnel. Des accusations que Me Jean-Louis Keita, l'avocat de l'ancien directeur dément formellement : "Cela m'étonnerait beaucoup de M. Irondelle qui est un homme très serein". Refusant de s'exprimer pour le moment, l'un de ses proches affirme : "C'est un homme sur-occupé, qui écrit ses mémoires, il n'a pas le temps de vous parler".
Pourquoi M. Irondelle aurait-il menacé son successeur ? Rivalité entre les deux hommes ? En réalité, d'après l'avocat de Jean-Claude Irondelle, ces accusations, dénuées de tout fondement, ont pour unique but de retarder un processus engagé par cet homme octogénaire devant les prud'hommes pour obtenir 460 000 euros d'intéressement sur son dernier exercice comptable. Un "dû" prévu dans son contrat de travail, selon Me Keita. "Ils ne veulent pas payer, alors ils inventent n'importe quoi. C'est tellement facile de salir un homme", a déclaré l'avocat d'Irondelle à l'AFP. Suite à cette plainte de 2006, une enquête a donc eu lieu, effectuée par les services financiers du SRPJ de Nice. Si 4 ans plus tard, Monsieur Irondelle n'est convoqué "que" comme témoin assisté, l'affaire n'est peut-être pas si claire que ça, surtout concernant les éventuels délits reprochés à l'ancien directeur.
Affaire à suivre...
LP