Emile Louis a été condamné à la perpétuité pour les meurtres des disparues de l'Yonne en 2004, soit plus de trente ans après le début de ses méfaits. Durant des années, il a perpétré les pires des atrocités sur des jeunes filles déficientes mentales mais pas seulement. Sa fille aînée Maryline Vinet a raconté dans son livre autobiographique son vécu auprès du Boucher de l'Yonne et notamment les sévices qu'elle a subi durant toute son enfance mais aussi après. Si aujourd'hui elle a pu se reconstruire et réussit à en parler ouvertement au micro de Christophe Hondelatte sur Europe 1, ce n'est pas sans épreuve. Elle revient aussi sur la difficulté qu'elle avait à révéler la face sombre de son père aux autorités.
Marié à Chantal Delagneau, Emile Louis finit par la quitter après quatre enfants et vingt années de vie de couple, Il quitte alors le foyer, l'espoir pour sa fille aînée de s'éloigner véritablement du démon ? Pas vraiment, car les faits continuent de lui rappeler son passé. Le 5 juillet 1981, le corps d'une femme est découvert, Sylviane Lesage. Celle-ci a été placée dans son enfance chez Germaine, la nouvelle concubine d'Emile Louis. Les enquêteurs remontent rapidement à l'homme qui finit par être écroué. Les gendarmes découvrent ses liens avec les autres disparues de la région d'Auxerre, elles ont toutes le même profil : de jeunes femmes déficientes mentales et pupilles de l'Etat, que personne n'a jamais recherché. Son lien avec elles ? Il était le chauffeur du bus qui les menait de leur famille d'accueil à l'IME (Institut médico-éducatif).
Maryline Vinet est alors interrogée sur son père. A la question "selon vous, votre père est-il capable de tuer", elle n'arrive pas à donner la réponse, même si elle la connaît très bien, pour avoir subi des violences, des viols dès l'âge de 5 ans, et pour avoir vu de ses propres yeux ses atrocités : "Je connais la réponse, elle m'a été donnée dans ce petit bois quand j'avais 11 ans, cette malheureuse éventrée sous mes yeux. Mais je me ressaisis. Je m'accroche à l'idée que mon père n'est pas capable d'une telle monstruosité." Elle dit alors qu'elle ne pense pas qu'il pourrait tuer. "Au fond de moi, je sais que c'est faux. C'est un grand malade. (...) Pourquoi est-ce que je ne dis pas ce que je pense ? Parce que j'ai donné ma parole à maman et que je la tiens. Parce qu'elle nous a demandé de nous serrer les coudes, et que je le fais."
Impossible d'émettre le moindre jugement sur cette femme quand on sait auprès de qui elle a grandi et de quelle manière elle a survécu. De plus, au moment de cet interrogatoire, celle qui a été mariée de force à 17 ans et à qui sa mère a pris le bébé n'est pas en état d'affronter cette enquête : "Je suis incapable de faire face à cette responsabilité énorme qui consiste à accabler mon père. Je sors d'un combat pour échapper à l'emprise de ma famille et pour récupérer ma fille. Je ne peux pas supporter la charge morale d'une accusation contre Emile. Je sors de l'enfer, je commence à peine à vivre une vie normale. Ce serait trop me demander. Beaucoup trop."