Double Palme d'or au Festival de Cannes (Papa est en voyage d'affaires en 1985, Underground en 1995), Emir Kusturica a beaucoup voyagé, entre l'ex-Yougoslavie, l'Europe occidentale et l'Amérique, dont il a fait l'expérience avec pas moins de deux longs métrages cultes : Le Temps des gitans et Arizona Dream.
Une période qui lui a permis d'en apprendre plus sur le fonctionnement de l'industrie hollywoodienne... et de développer une pensée anti-Hollywood farouche. "Je boycotte les blockbusters depuis vingt ans car ils raccourcissent l'espérance de vie", lâchait-il dans Le Journal du Dimanche daté du 9 juillet.
Le cinéaste, également acteur et musicien à ses heures perdues, n'y va pas de main morte. "Dans un court métrage, j'ai mis en scène la mort de Bruce Willis. Ce type est une ordure qui avait offert 2 millions de dollars à celui qui rapporterait la tête de Saddam Hussein", confie Kusturica, que les caprices de stars "hérissent". "Elles disent toutes 's'amuser' sur un plateau. Pour moi, le cinéma est un processus masochiste qui engendre de la souffrance afin de recréer une image du monde [...] Ceux qui ne veulent que rigoler, qu'ils aillent à la plage, à Saint-Tropez !"
Le réalisateur serbe âgé de 62 ans, qui ne se dit pas contre collaborer un jour avec Netflix, reste fidèle à sa ligne de conduite : être indépendant. "Je n'ai jamais cédé le contrôle à qui que ce soit. Je refuse qu'on me dise ce que je dois faire", assène le cinéaste, qui vient de diriger Monica Bellucci dans son film On The Milky Road, sa première fiction depuis 10 ans – en salles le 12 juillet.