Encore un homme qui ne connaît pas la définition du mot consentement ? Hélène Devynck accuse son ex-mari, le romancier Emmanuel Carrère, favori cette année pour le prix Goncourt, d'avoir écrit son livre sans son consentement . "Ce récit, présenté comme autobiographique, est faux", écrit-elle dans un droit de réponse publié par Vanity Fair, le 29 septembre 2020. L'ancienne journaliste a ici "clarifié" son rôle dans Yoga, mettant ainsi court aux "rumeurs et fausses informations".
En écrivant ce texte, Emmanuel Carrère a rompu un contrat l'obligeant à obtenir le consentement de son ex-épouse pour l'utiliser dans son oeuvre. Or, Hélène Devynck n'a "pas consenti au texte tel qu'il est paru". "Si je n'ai pas envoyé d'huissier, l'auteur et son éditeur n'ignorent rien de mes difficultés et de ma détermination à faire appliquer ce contrat", rappelle-t-elle dans sa lettre ouverte.
Encore ensemble jusqu'en mars dernier, Emmanuel Carrère était autorisé à écrire sur sa compagne jusqu'alors. "Emmanuel pouvait utiliser mes mots, mes idées, plonger dans mes deuils, mes chagrins, ma sexualité : c'était amoureux", se rappelle-t-elle. Mais leur divorce juste avant le confinement a "rebattu les cartes". On lui a promis, Hélène Devynck ne sera plus "écrite par lui" contre son gré. Mais, en secret, il continuait à écrire son livre.
"Pendant qu'il négociait, il me cachait qu'il me tirait le portrait", déplore notre consoeur. Lorsqu'elle lui demande d'arrêter, elle se heurte à "l'âpre résistance" de son ex. Une manigance avec la complicité de l'éditeur, P.O.L, qui lui aurait assuré que ni elle, ni sa fille, ne figuraient dans l'ouvrage. "Ce qui est faux", déplore-t-elle.
Si encore, il n'y avait que ça. En plus de porter atteinte à Hélène Devynck, Yoga, présenté comme autobiographique, serait partiellement faux. Ses deux mois passés auprès de jeunes réfugiés dans l'île grecque de Leros n'aurait en réalité "duré que quelques jours". D'après, elle, il s'arrange également de sa bipolarité, dont il fait une "description complaisante" et cite des "débordements d'agressivité" et "les violences d'un ego despotique".
Pour Hélène Devynck, c'est certain, Emmanuel Carrère a délibérément introduit "des éléments de fiction" dans Yoga, dans l'espoir de "transformer une contrainte juridique en autoglorification". Pas sûr que Yoga fasse toujours partie des favoris du Goncourt...