Paul Lederman, le petit disquaire devenu dénicheur de talents né à Tanger, au Maroc, en 1940, est décédé dimanche 21 juillet à l'âge de 84 ans des suites d'une longue maladie. Il a été l'impresario de nombreuses célébrités françaises comme Claude François, Coluche les Inconnus, ou encore Mike Brant, Michel Polnareff, Hervé Vilard, Michel Torr et tant d'autres. Son talent ? "C'est de découvrir les talents avant les autres, c'est tout... Quand j'auditionne un artiste, j'essaie de regarder ce que l'oeil ne peut pas voir. C'est mon côté psy", avait-il déclaré dans une interview donnée à Paris Match en 1997. "Paul est un plombier de luxe, c'est un fabricant de tubes comme il n'y en a pas", disait même de lui Thierry Le Luron, devenu vedette après que Paul Lederman a pris en main sa carrière.
Couronné de succès avec ses artistes qu'il a découverts, il était à la fois vu comme "un ange gardien" et "un requin aux dents longues". "De l'argent, j'en gagne, mais ce n'est pas le moteur. Un exploiteur se contente d'exploiter. Moi je travaille dix-huit heures par jour et c'est donc moi l'exploité mais je ne me plains pas, j'aime ça", avait-il confié pour se dédouaner de toute accusation qu'il jugeait fallacieuse. Sa collaboration avec Les Inconnus avait d'ailleurs fini au tribunal... Seymour Brussel, membre jusque dans les années 1980 du groupe humoristique, a confié à nos confrères du Parisien : "C'était un super commercial, il aurait vendu un frigo à un esquimau. (...) Il a voulu nous prendre 50 % des droits d'auteur alors qu'il n'écrivait pas une ligne. Je m'y opposais fermement. On avait une chronique sur Europe 1, la radio voulait nous garder. On avait rempli le Théâtre Fontaine à Paris et on voulait partir en tournée. Lui nous assurait que nos sketchs ne marcheraient pas en province".
Puis de se souvenir : "On a programmé trois dates tout seuls, à Lyon, Saint-Étienne et Grenoble, on a fait carton plein. Mais Lederman nous a asphyxiés pour nous piquer les droits". Seymour Brussel tente alors de convaincre, en vain, ses trois autres acolytes qu'ils n'ont pas besoin de Paul Lederman mais rien n'y fait. "Ils sortaient d'études de théâtre, ils ont manqué de confiance en eux, avaient besoin, je crois, d'un papa à cette époque. Ils n'ont pas voulu partir", a-t-il indiqué. Et de conclure : "Il leur a fallu vingt ans de procédure pour sortir de ses griffes. Ils faisaient des projets solo ou à deux, parce que dès qu'ils étaient trois, Lederman réclamait 50 %".
Si les fils de Coluche ont, eux aussi, eu un différend avec l'impresario de leur père concernant des droits d'auteurs sur une série de sketches, ils n'ont néanmoins pas manqué de lui rendre hommage. "Paul Lederman nous a quittés hier. Nos pensées s'adressent à ses enfants Alexandra et Alexandre. Paul et notre père ont débuté leur carrière ensemble. Ils ont vécu et partagé leurs rêves, les doutes et très vite le succès faisant naître une relation, à jamais, singulière que Florent Emilio Siri a très bien illustré dans son film 'Cloclo' (Paul remarquablement incarné par Benoit Magimel qui fut sélectionné pour le Cesar du meilleur 2nd rôle)", ont d'abord écrit Claude et Marc François.
Ils ont ensuite conclu sur la page Facebook à l'éffigie de leur père : "Touche à tout, malin et doté d'un flair hors pair, Paul a fait, par la suite, une carrière remarquable de producteur en révélant et accompagnant d'immenses talents, et notamment Thierry Le Luron, Coluche, les Inconnus. Il restera une des grandes 'figures' du métier dont il a écrit quelques chapitres. Salut Paul !".