Muse d'Arnaud Desplechin, actrice aux charmes inchangés, Emmanuelle Devos est de retour sur les écrans français avec Le Temps de l'aventure. Un drame romantique qui suit Alix, une actrice qui "a retardé au maximum son entrée dans l'âge adulte et s'offre une dernière aventure" auprès du séduisant et flegmatique Gabriel Byrne. Pour saluer cette nouvelle prestation éblouissante, le public parisien lui a offert le meilleur démarrage français aux premières séances, preuve d'une certaine assise dans le paysage cinématographique.
Pourtant, sans être une star, Emmanuelle Devos n'a rien changé pour en arriver là. Dans L'Express Styles auquel elle accorde une interview, la belle brune de 48 ans lâche ses quatre vérités sur un univers qu'elle a suffisamment parcouru pour le connaître. Selon l'aventureuse, "le cinéma est un drôle de milieu, tout le monde se jalouse" arguant qu'on n'y "aime pas le succès" : "Il ne faut pas être un loser, ni trop briller", souligne-t-elle avec franc-parler.
Emmanuelle Devos n'a plus grand-chose à prouver. Ses interprétations de femmes modernes (Comme je suis disputé (ma vie sexuelle) chez Desplechin ou encore Sur mes lèvres de Jacques Audiard) ont conforté l'actrice dans son rang. Elle n'est pas star, mais fine observatrice. Elle n'hésite pas, par exemple, à défendre Mélanie Laurent, césarisée pour Je vais bien ne t'en fais pas et devenue une actrice internationale. Selon elle, "le sort jeté à Mélanie Laurent a été horrible, c'est une jeune actrice, très bonne, qui enregistre un disque, signe une mise en scène, essaie plein de choses honorables...". Mais il y a peut-être ici la voie d'un certain succès, à l'instar de "Brigitte Bardot et Jeanne [qui] se sont fait insulter pour avoir incarné au cinéma des femmes libres".
Autre caractéristique d'Emmanuelle Devos, cette carrière qui l'a vu dirigée par autant de réalisateurs que de réalisatrices. Pour elle, cela ne fait aucune différence : "J'ai l'impression que Nicole Garcia parle bien des hommes, Jérôme Bonnell [réalisateur du Temps de l'aventure, NDLR], des femmes. Sans détour, elle avoue avoir "autant envie d'attirer en tant qu'actrice un metteur en scène femme ou homme, homosexuel ou hétérosexuel", avant d'ajouter : "Il ne s'agit pas de les mettre dans mon lit, mais de partager avec eux des instants privilégiés, d'être leur préoccupation principale du moment". Généreuse, l'actrice se dit avant tout "à l'écoute des autres" et s'amuse de son image de femme désorganisée dans sa vie, mais maniaque chez elle : "Le ménage, c'est ma séance de psy quotidienne", confesse-t-elle en toute fin d'interview.