Sept ans après My Little Princess, son premier long métrage qui s'inspirait de sa propre enfance et de sa relation avec sa mère Irina Ionesco, photographe controversée qui avait pris des clichés d'elle nue et érotisée alors qu'elle n'était qu'une enfant (la justice avait reconnu en 2015 qu'il s'agissait de photos relevant de la pédopornographie et qu'elle avait été victime des abus de sa mère), Eva Ionesco fait son retour derrière la caméra avec Une jeunesse dorée. Dans les salles le 16 janvier 2019, cette seconde réalisation s'inspire de son adolescence vécue dans la bourgeoisie et la nuit à sa sortie de la DDASS.
"À 11 ans, elle dansait toute la nuit à Ibiza, maquillée comme une voiture volée et sapée comme un bébé mannequin, en bottes Saint Laurent. À 13 ans, en 1977, et jusqu'à 1983, elle paradait au Sept et au Palace", écrivent nos confrères de Marie Claire qui lui dédient un portrait. "Le jeu de la nuit, c'est de se brûler, mon film parle de ça", confie Eva Ionesco. Elle qui a "beaucoup souffert" mais qui s'est aussi "incroyablement amusée" s'est replongée le temps d'une interview dans la décadence et les souffrances de son adolescence, exacerbées par un début de vie ponctué d'abus, elle qui était l'enfant-objet de sa mère. Au risque, parfois, de vaciller. "À New York dans les années 80, il y avait des gens qui te sautaient dessus. Le soir, tu pouvais te faire arrêter par les flics, il se foutaient de ta gueule, ça ne me déplaisait pas. J'ai eu des nuits très violentes. Solitaires et violentes. J'ai voulu mourir plein de fois. Il y a plein de choses que j'ai faites et que je regrette. Par exemple me couper les veines, me mettre la tête dans le four, un soir de Noël où j'étais toute seule", a-t-elle confié.
J'ai peur de redevenir un peu folle
Et d'ajouter, dans un rire : "Une nuit, à New York, j'ai pris un acide, et j'étais montée sur le toit d'un immeuble. Je me suis dit : 'Je saute ou pas ?' Je n'ai pas sauté. Ce moment où j'ai décidé de ne pas sauter, je me suis dit : 'Tant mieux'", a-t-elle poursuivi.
Des décennies après ces errances et ces douleurs, Eva Ionesco (mariée depuis 2013 à l'écrivain Simon Liberati, avec lequel elle a coécrit son nouveau film) a trouvé son équilibre et mène une "saine existence à la campagne" avec son conjoint. Il n'empêche qu'elle tente toujours d'apprivoiser ses angoisses. "Des peurs, j'en ai plein. Peur de redevenir un peu folle, de perdre mes esprits, de ne pas arriver à me calmer, la peur de ça surtout. J'ai peur de ne pas avoir assez de temps pour faire mon prochain film", a-t-elle conclu, touchante.