La ville de Trappes est liée de façon indissociable à la jeunesse de Jamel Debbouze. Ce n'est pourtant pas là qu'il est né puisqu'il a vu le jour il y a tout juste quarante-neuf ans, le 18 juin 1975 à l'hôpital Lariboisière dans le 10e arrondissement de Paris. Ce n'est pas là non plus qu'il a passé les premières années de sa vie. Il avait un an quand sa mère et son père, dont il a pleuré la disparition en 2021, sont partis vivre au Maroc. Il y restera deux ans avant de revenir vivre à Paris avec eux.
En fin de compte, ce n'est qu'en 1983 que la famille va quitter la capitale pour aller vivre dans les Yvelines, à Trappes, donc. "On était dans des petits pavillons classés HLM mais des petits pavillons quand même", se rappelait Jamel Debbouze, dans le documentaire réalisé par son épouse Mélissa Theuriau intitulé L'entrée des Trappistes qui mettait en lumière les jeunes années de son mari, du footballeur Nicolas Anelka et du comédien Omar Sy. Trois jeunes "de banlieue" dont le destin, pour le meilleur, a basculé, mais qui n'ont jamais oublié d'où ils venaient.
Jamel avait beau brocarder sa ville de coeur dans ses spectacles, comme quand il déclarait "J'ai passé 20 ans à Trappes, le lieu de pèlerinage des cambrioleurs", il a toujours chéri la cité des Yvelines et les villes environnantes, terrain de jeu de sa jeunesse. Il y nourrissait d'ailleurs de grands projets...
Au début des années 2000, Jamel est déjà une star. Depuis 1998, il cartonne dans la série H aux côtés d'Eric Judor et de Ramzy Bedia, il a commencé sa carrière au cinéma, notamment dans Le ciel, les oiseaux et... ta mère mais aussi dans le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, et il a déjà deux spectacles à son actif. Autant dire que le petit gamin peut désormais se permettre de voir grand. En l'occurrence, il se contente modestement, dans un premier temps d'offrir à ses parents une jolie maison à Elancourt, la ville qui jouxte Trappes. Mais son rêve va plus loin...
Sur cette même commune, s'il l'on en croit le Parisien qui rapporte toute cette histoire en 2013, il décide aussi d'acquérir un grand terrain, sur lequel est bâti un ancien pavillon de chasse. La propriété est située dans une forêt à la frontière entre la commune d'Elancourt et celle de Maurepas, et elle est à deux pas de la nouvelle propriété des parents. Le rêve que caresse alors Jamel : en faire une grande demeure. Hélas, il ne verra jamais le jour, le beau projet a dû être abandonné !
"Il n'était pas conforme au droit de l'urbanisme", avait à l'époque expliqué Jean-Michel Fourgous, le maire d'Elancourt qui exerce encore aujourd'hui cette fonction. Joint par Purepeople, il a accepté de revenir sur cette affaire : "C'est un artiste très connu, il voulait quelque chose de grandiose, je l'entends. Mais son projet sortait totalement des normes urbanistiques. Ne pas l'autoriser n'avait rien à voir avec une volonté politique, c'était tout simplement impossible à cet endroit là. Il y a des classements qui ne le permettaient pas. Il voulait notamment faire une piscine environnant toute sa maison. C'était bien. C'est près de la ville où il a passé toute sa jeunesse, tout ça été parfaitement compréhensible. Mais il a eu du mal comprendre que pour réaliser son projet, il aurait fallu modifier la loi au niveau national. Nous étions plutôt contents d'accueillir une personnalité comme la sienne. Tout ce qui pouvait être fait aurait été fait, mais tout simplement, le droit ne le permettait pas."
Fin de l'histoire ? Pas vraiment. Jamel restait encore propriétaire de ce lieu qui peu à peu, est tombé à l'abandon. Et les ennuis ont commencé. La nature, d'abord, a repris ses droits. Petit à petit, la forêt qui l'entourait a commencé à envahir la maison et la propriété. Puis sont arrivés les premiers "visiteurs", les graffitis et les tags sur les murs "Cette maison se dégrade de plus en plus, le toit a été cassé, expliquait une passante ayant l'habitude de se promener dans cette forêt à nos confrères du Parisien. Elle a été pillée, il n'y a plus ni portes ni fenêtres. Des jeunes continuent d'y faire n'importe quoi. La police municipale nous conseille d'ailleurs de ne pas y aller seul." Et puis, alors que la bâtisse était de plus en plus devenue le refuge de squatteur, un drame est survenu...
Il s'appelait Laurent, il était SDF et il avait 47 ans, racontait le Parisien. L'homme, bien connu dans la ville, avait trouvé entre ces quatre murs et sous ce toit fragile, un abri précaire dans lequel il avait entreposé ses quelques biens. Mais un jour froid de décembre, à moitié nu, il a été retrouvé sans vie. "Une mort naturelle", avait conclu l'enquête à l'époque après les faits. Des faits, dont Jamel avait pris connaissance. "Une triste nouvelle", aurait affirmé l'humoriste alors qu'il était de passage dans une ville voisine avant d'ajouter qu'il conservait toutefois de "beaux projets" sur son terrain abandonné.
C'était il y a plus de dix ans. Et depuis ? "Je ne sais pas ce que ce terrain est devenu, ni s'il a été vendu", confie le maire de la ville. Une chose est sûre, ce n'est pas là qu'habite Jamel. Faute d'avoir pu s'installer sur les lieux de son enfance, depuis de longues années, l'humoriste, sa femme Melissa Theuriau et leurs deux enfants, Léon, et Lila, super lookée sur un cliché recemment posté sur Instagram, ont trouvé leur bonheur ailleurs : sur l'île Saint-Louis, en plein coeur de Paris, entre deux bras de la Seine. Peut-être une autre façon, pour l'ancien jeune de Trappes, de réaliser son rêve : vivre dans une maison entourée d'eau...