Il n'est peut-être pas le plus médiatique des joueurs du Paris Saint-Germain, mais Ezequiel Lavezzi s'est rapidement mis le public du Parc des Princes dans la poche. Grâce notamment à un engagement et une grinta toute argentine que la star tire de son enfance passée dans le barrio de sa ville natale. Un quartier sensible qui lui a tout donné et à qui il rend aujourd'hui beaucoup.
C'est à travers sa fondation que l'Argentin s'engage autant qu'il le peut dans le barrio de Villa Gobernador Galvez, sa ville natale, située à 350 km au nord-ouest de Buenos Aires. Ninos del Sur a ainsi été montée il y a quatre ans, à destination des jeunes du barrio, comme l'explique Ezequiel Lavezzi dans les colonnes du Parisien : "L'idée est de pouvoir inculquer aux enfants qu'il y a une autre réalité que celle qu'ils vivent là-bas. Ils grandissent en pensant qu'il y a des choses normales pour eux alors qu'elles ne le sont pas."
Ninos del Sur, c'est avant tout une histoire de famille. Diego, le grand-frère, et Valeria, la soeur aînée, sont impliqués au quotidien dans l'association, quand le cousin Leonardo, le seul salarié de l'asso, coordonne la structure. Sur place, les enfants trouvent de véritables repas, pratiquent des activités extrascolaires et, surtout, restent loin de la rue et ses mauvaises influences. "Tous les jours, il y a des morts par arme à feu", confie Diego. "Il y a tellement de manques ici qu'on essaie d'apporter notre petite pierre", ajoute Leonardo. Pourtant, c'est bien dans ce barrio difficile que la star argentine, devenue une icône à Naples avant de venir à Paris, a fait ses classes. Couvé par sa famille, Pocho a pu évoluer et grandir loin des attraits de la rue et se concentrer sur le football, qu'il a débuté à 4 ans - il ne voulait qu'une chose, jouer gardien de but. Une voie bien différente de celle empruntée par une partie de ses amis d'enfance... "La drogue est un désastre chez nous", confie Diego, avant d'ajouter : "Ezequiel était le bébé de la famille, celui qu'on protège. Je faisais des ménages avec notre mère, ma soeur cuisinait en rentrant de l'école et on essayait de lui donner tout ce qu'il voulait. En ce sens, il était un peu capricieux..."
Pour autant, l'argent et la gloire n'ont jamais coupé l'international argentin de sa famille et de ses racines. Le barrio, Pocho y revient dès qu'il le peut comme il le raconte au Parisien, lui qui finance le club local de Coronal Aguirre à hauteur de 7% de son budget : "J'y ai mes amis, mon affect. C'est important parce que je redeviens l'enfant que j'étais et mes amis me font aussi sentir que je suis leur pote et non pas un joueur de foot (...) Aujourd'hui, ma réalité est différente de celle du barrio, mais cela ne change rien pour moi." Et si le fossé financier est énorme entre Ezequiel Lavezzi et ses amis d'enfance, l'Argentin assure que cela ne change rien à leurs relations. "J'ai des amis qui travaillent et d'autres qui ne travaillent pas, poursuit-il. Ceux qui travaillent ont une vie très différente de la mienne. Ils essaient difficilement de donner à manger à leur famille en fin de mois. Le football m'a offert autre chose, une vie qui n'a rien à voir avec ce que j'aurais vécu là-bas."
Sa vie aujourd'hui, c'est à Paris qu'il la savoure : "C'est une ville où je me sens de mieux en mieux. C'est un endroit magnifique, tout le monde le sait, et je peux en profiter grâce au football. Ici, le foot ne se vit pas comme en Italie et encore moins comme à Naples ! Quand je promène mon chien à Neuilly-sur-Seine, on me salue, on me sollicite de temps en temps pour une photo, mais je peux marcher dans la rue. A Naples, je ne pouvais pas le faire..."