Lundi s'ouvrait le procès du rapt manqué de Fabrice Fiorèse, ancien joueur du PSG, supposément commandité par son ancien ami et partenaire de club, Ghislain Anselmini. Si ce dernier reconnaît sa part de responsabilité, il refuse d'endosser l'idée de l'enlèvement de son ami. Retour sur une semaine d'audience entre dessous de table, villa tropézienne et trahison amoureuse...
"Je l'avais hébergé à la maison. Avec ma femme, on lui donnait à manger, on lavait son linge. C'est vraiment une grosse, grosse trahison", a confié cette semaine devant les assises de Savoie Fabrice Fiorèse en évoquant l'implication de son ami de 20 ans et partenaire de club à Lyon et Guingamp Ghislain Anselmini rapporte l'AFP. Ce dernier est soupçonné d'être derrière le vol violent et l'enlèvement de Fabrice Fiorèse dans sa maison de Salins-les-Thermes en septembre 2012.
Et l'ancien joueur du PSG et de l'OM, lui-même accusé d'être un traître lorsqu'il avait quitté la capitale pour la cité phocéenne en 2004, d'avancer une explication... "Il était peut-être envieux de ma famille, de ma carrière, de ma réussite dans le monde du foot, qu'il n'a pas eue", dira-t-il de celui qu'il qualifie aujourd'hui de "pauvre type" avec "un gros problème d'égo".
Un couteau sous la gorge de ma femme
A la barre, Fabrice Fiorèse est revenu sur cette journée du 28 septembre 2012 où il a cru mourir. "Je n'ai pas compris, ils sont arrivés avec des cagoules. C'est comme dans un film (...) quelque chose d'invraisemblable, violent, surprenant (...) une agression hors norme", a-t-il décrit, au bord des larmes. "On dit souvent que les footballeurs professionnels font du cinéma sur le terrain. Mais vous êtes ému", a souligné son avocat Me Michel Jugnet. "C'est un choc", a poursuivi Fabrice Fiorèse, qui a eu le nerf d'un doigt coupé et a été mis en joue avec un fusil à pompe. "Ils ont mis un couteau sous la gorge de ma femme et disaient : 'Si tu nous donnes pas les sous, on va la crever' ", a-t-il ajouté. Enlevé et forcé à monter dans sa propre voiture, il avait réussi à s'enfuir en brisant une vitre à un feu rouge.
Comment les malfaiteurs ont-t-il eu connaissance d'une somme en liquide chez les Fiorèse ? La réponse est à chercher du côté de Ghislain Anselmini, un proche des Fiorèse et notamment de l'épouse de celui-ci, Aurélie, avec qui il pouvait échanger des centaines de SMS par jour.
C'est ainsi qu'elle lui aurait révélé un dessous de table de 500 000 euros pour la vente de leur maison à Saint-Tropez, alors que Fabrice Fiorèse assure qu'il n'y avait pas plus de 50 000 euros. "Ma femme savait qu'il y avait une enveloppe mais elle ne connaissait pas le montant", a-t-il assuré, poursuivant : "Il s'est servie d'elle pour nous voler tous les deux. Elle a été plus que manipulée."
Mais ce mercredi 13 janvier, Ghislain Anselmini a rejeté la responsabilité de l'enlèvement et des violences infligées au couple devant leurs enfants. Selon lui, ils ne devaient pas être présents à leur domicile. "Je pensais qu'une fois la nuit tombée, ils allaient récupérer 200 000 ou 300 000 euros, cachés sous la terrasse, quand tout le monde était parti. Malheureusement, ils se sont fait agresser. En aucun cas, je n'ai voulu leur faire le moindre mal", dira-t-il ainsi dans des propos rapporté par Nice-Matin.
"Bien évidemment, je suis coupable", reconnaîtra-t-il tout de même, évoquant des "scrupules" et des "remords". "Acculé par les dettes", interdit bancaire et incapable de payer un péage à 2,40 euros au moment des faits, il apprendra par Aurélie Fiorèse, qu'il présentera comme sa maîtresse en garde à vue, qu'une grosse somme d'argent en liquide serait bientôt touchée par le couple dans le cadre de la vente de leur maison de Saint-Tropez. "J'étais vraiment, vraiment, vraiment, très, très proche d'elle", dira-t-il ainsi lors du procès. "On m'a prêté une relation amoureuse, sexuelle, platonique avec Aurélie Fiorèse. Tout ce que je sais, c'est que c'est quelqu'un que j'adorais. Il était hors de question que je lui fasse le moindre mal", ajoutera-t-il, cité par Nice-Matin.
C'est par elle qu'il apprend pour les 500 000 euros supposés. Il contacte une de ses connaissances, ne se sentant "pas capable" de faire le coup seul. Ensemble, ils iront repérer les lieux. Le jour de la transaction, il informe son complice, lançant le go d'une agression qui aura "dégénérée". Les malfrats repartent avec 23 500 euros et Fabrice Fiorèse, pendant que Ghislain Anselmini réconforte par téléphone Aurélie. L'avocat général a ainsi pointé du doigt "son hypocrisie", alors que celui des époux Fiorèse a lui cité "une part de cynisme" de celui qui veut "voler quelqu'un dont il est vraiment, vraiment très proche".
Le 14 mars 2013, ils couperont tout contact, après qu'Aurélie Fiorèse ait révélé à Ghislain Anselmini qu'elle était sur écoute. Nice-Matin révèle que, selon les avocats de la défense, la juge d'instruction avait un temps envisagé de mettre en examen l'épouse de Fabrice Fiorèse, la soupçonnant de vouloir se mettre en couple avec Ghislain Anselmini...
Verdict de cette histoire digne d'une série noire le 19 janvier prochain.