Sa voix, sur l'album Courchevel, était agile et caressait la gamme des sensations et des humeurs comme le soleil la neige. En ce dimanche 11 septembre 2011, se souvenant du 11 septembre d'il y a dix ans, elle s'est faite sépulcrale. Florent Marchet a choisi de ne pas éviter le sujet rebattu, de ne pas ignorer la mémoire, de se souvenir du 11 septembre 2001 : Ground Zero.
Comme souvent avec cet artiste où le raffinement et la profondeur musicale servent des chansons matrices d'images, l'acte créatif a sa propre histoire. C'était le cas de sa rencontre et de son duo avec Gaëtan Roussel sur un classique méconnu de Stephan Eicher, c'est le cas avec Ground Zero, morceau de circonstance. Florent Marchet raconte :
"Je me souviens, je marchais dans Paris, rue Traversière, vers 14/15h. Il faisait beau, la journée était légère. En passant devant un PMU, j'ai regardé machinalement l'écran plasma qui habituellement vomi MTV. Une dépêche spéciale annonçait le crash aérien du 1er boeing, sans plus de précisions. Quelques minutes plus tard j'ai vu en direct le deuxième avion embraser la tour. Tout le monde se souvient exactement de cette journée, aussi insignifiante soit-elle intimement. Un avant et un après et puis la vie qui continue avec un goût de souffre dans la bouche. Quelques années plus tard, je repense à ces gens frappés de plein fouet par la barbarie, je repense à ce livre de Jonathan safran Foer "extrêmement fort et incroyablement près" et je me demande comment on vit là-bas, comment on fait pour se reconstruire.. Ground Zero 2001-2011. Voilà." Florent Marchet
Hanté par une voix féminine planant à l'octave tel un cri fâné, un spectre évadé des décombres des Twin Towers, Ground Zero, lugubre mais pudique, se représente l'effroi intime et le désert apocalyptique, la vie traumatisée, la vie quand même.
Guillaume Joffroy