L'acteur Franck de Lapersonne avait surpris son monde en décidant, tambour battant, de rejoindre les rangs du Front National de Marine Le Pen. Désormais au côté du dissident Florian Philippot qui a lancé son mouvement, Les Patriotes, il revient sous les projecteurs en raison des révélations du réalisateur et acteur Fabrice Eboué. Il a confié avoir fait tourner un autre comédien à sa place lorsqu'il a rallié le FN, lors de la post-production de son long métrage CoExister, histoire d'un producteur de musique à la dérive qui décide de monter un groupe constitué d'un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble.
Sur le plateau de Quotidien su TMC le 18 décembre, Fabrice Eboué est venu défendre son nouveau spectacle Plus rien à perdre. Il est également revenu sur son film, sorti en octobre dernier. Il a ainsi confié avoir fait disparaître Franck de Lapersonne du casting de CoExister alors que le tournage était fini. Les deux hommes avaient déjà collaboré ensemble dans Case départ et Le Crocodile de Botswanga et donc, sans surprise, l'humoriste avait songé à lui pour un petit rôle dans sa réalisation. Mais lorsqu'il découvre son choix politique, Fabrice Eboué est mal à l'aise : "Je vous fais une confidence, il était dans mon dernier film puisqu'avant de se prononcer pour le Front national, il avait tourné avec nous, il y a un an pile. Il faisait un petit 'guest', comme il l'a fait dans mes deux premiers films. Le film s'appelle Coexister et on ouvrait la scène avec Franck de Lapersonne, soutien de Marine Le Pen, se souvient l'humoriste. J'ai retourné toute la scène avec un autre comédien, évidemment. Je ne lui ai rien dit, c'était trop compliqué, mais le risque, c'était qu'il devienne député et ça devenait alors un film politique. Moi, c'était un film pour déconner. (...) Moi je fais de la comédie, lui il fait de la politique, c'est son choix."
Fabrice Eboué, peu avant, expliquait : "Dans Case départ, il incarnait un prêtre esclavagiste et dans Le Crocodile du Botswanga, il a joué l'assistant du dictateur. À chaque fois des rôles de salaud. Quand je l'avais au téléphone, il me disait 'j'adore le script'. Mais je ne savais pas que c'était du premier degré. (...) Je ne sais pas comment il a vrillé. Je n'ai pas eu plus de relations en dehors de ça avec lui. (...) On m'a appelé trois mois avant la sortie du film et j'ai retourné toute la scène avec un autre comédien."
Franck de Lapersonne n'est peut-être pas en colère, mais il a réagi au propos du cinéaste en utilisant l'exemple d'un illustre acteur français et de sa proximité avec un parti politique après la Seconde Guerre mondiale : "Yves Montand a beaucoup tourné quand il était au PC (Parti communiste NDLR) en pleine guerre froide... Il semble qu'un acteur de gauche et patriote n'ait pas ce droit aujourd'hui."
Si Franck de Lapersonne s'investit en politique, c'est donc plus que jamais au détriment de sa carrière et de son porte-monnaie. "Là, je vis un peu dans le vide, sur des fifrelins que j'ai conservés", avait-il confié dans son portrait pour Libération.
Stéphane Guillon, qui le connaît depuis les années 1980, avait écrit sur Facebook (post indisponible désormais) une lettre ouverte à son "ami", suite à son ralliement à Marine Le Pen : "Étonnamment, Franck se complut très vite dans des choix faciles : présentateur d'une émission pour enfants, Vitamine, puis d'une autre pour grands enfants, Sexy Zap, une série érotico-comique, à base de plagiats..." Il explique le virage politique de son collègue ainsi : "Franck est enfin une tête d'affiche, mais pas celle que tout le monde espérait. Tête de gondole au Front National ! Dimanche, Franck a de nouveau entendu les applaudissements d'une salle pleine."