François Cavanna, 87 ans, que l'on croisait la semaine dernière dans VSD autour d'une table avec Jean-Marie Bigard, sortira son nouveau livre - Lune de miel - le 13 janvier prochain. Un livre sur trois axes : le STO en Allemagne, la création des journaux satiriques Hara-Kiri et Charlie Hebdo, et la maladie. Le Nouvel Observateur publie quelques bonnes pages en avant-première, des pages où Cavanna raconte sa vie avec la maladie de Parkinson, dont il est atteint.
Grégoire Leménager du Nouvel Obs' précise sur le titre de l'ouvrage : "Lune de miel est une expression de médecins désignant l'intervalle pendant lequel la maladie semble s'estomper pour, si l'on ose dire, mieux revenir ensuite". C'est durant cette lune de miel que François Cavanna écrit ses souvenirs et décrit ce que Sylvie Joly appelle "ce putain de Parkinson".
"C'est donc ça, ce léger - si léger ! - tremblement de la main ? Cette écriture qui, du jour au lendemain, s'est mise à foutre le camp dans toutes les directions ? Cette irréelle sensation de flou dans la démarche, de ralenti dans les gestes ?", écrit Cavanna. Après l'annonce du diagnostic par son médecin, François Cavanna décrit les symptômes dont il souffre : "Me voilà donc parkinsonien 'pas trop gravement atteint'. Bon. Après tout, ça ne se voit pas sur la figure. Du moins tant que les oreilles ne se mettent pas à trembloter. Ça ne se voit peut-être pas, mais ça fatigue. Je me demandais depuis quelque temps pourquoi, après une bonne nuit, je me réveillais plus las que je ne m'étais couché. Eh bien voilà, je sais : parkinson."
Ce qui semble être le plus douloureux pour lui, c'est l'incidence sur son écriture : "Vous n'imaginez pas ce que m'a coûté d'efforts ce que vous lisez en ce moment. Ma main ne m'obéit plus. Ce n'est pas tellement qu'elle tremble, ça elle le fait rarement et pas longtemps. Mais elle n'en veut faire qu'à sa guise (...) Si je la laisse faire, ma main, elle tend à griffonner des signes minuscules, lilliputiens, quasi invisibles sur le papier. Ça, c'est les bons jours. Il y a les autres, les plus nombreux, où la rebelle refuse de tracer la moindre lettre identifiable, la salope. Jours de détresse."
Quand Sylvie Joly évoque son syndrome au masculin, François Cavanna l'imagine au féminin : "C'est une salope infâme, une sorcière aux yeux d'or, une cannibale qui suce les petits os, une de ces larves qui laissent la peau intacte et rose, et qui dévorent tout l'intérieur. Tout ce que vous voudrez, mais au féminin. Miss Parkinson, pour la vie."
Retrouvez d'autres extraits du livre dans Le nouvel Observateur, déjà en kiosques.
Lune de miel, par François Cavanna, Gallimard, 286 p., 18,50 euros. En librairie le 13 janvier 2011.