Le 17 mai dernier, Frédéric Mitterrand laissait les clés et les dossiers de son ministère de la Culture et de la Communication, rue de Valois, au coeur du Palais-Royal, à Aurélie Filippetti. Une passation de pouvoir remarquée parce que chaleureuse, décontractée, émouvante et solennelle. La veille, France Culture interrogeait le futur ex-ministre pour l'émission Les Pieds sur terre et sa série sur le dernier jour des ministres diffusée le 12 juillet. Frédéric Mitterrand s'y confiait, avec le naturel qu'on lui connaît, sur sa vie amoureuse.
Avec le franc-parler, l'intelligence et l'espièglerie qui le caractérisent, Frédéric Mitterrand revient sur ses trois années en tant que ministre, une fonction qui occupait tout son temps : "Quand on est ministre, on est ministre en permanence." Et n'ayant pas de compagnon, il regrette "l'absence totale de toute vie amoureuse".
Il n'était pas facile non plus de batifoler : "Il se trouve que ça m'est arrivé, mais il se trouve qu'actuellement, je n'ai pas de relation permanente, raconte Frédéric Mitterrand. Donc ça n'aurait pu être que des aventures, et des aventures, je ne peux pas les avoir chez moi parce que j'ai mon fils et je ne veux pas lui imposer ça. Ça peut difficilement se passer au ministère." Quant à la drague, elle est impensable lorsque l'on est ministre : "Aller draguer, en laissant les officiers de sécurité à la porte du lieu de drague ? Jamais. Je peux pas faire ça. Donc voilà, il n'y a pas eu de vie amoureuse, il y a eu trois ou quatre petites... escarmouches, mais vraiment très clandestines. Ce n'est pas satisfaisant. Je l'ai très bien accepté en même temps, c'est tellement intéressant d'être ministre que vous renoncez à beaucoup de choses."
En tant que personnalité politique, ouvertement homosexuelle, Frédéric Mitterrand ne se sentait-il pas un peu seul au gouvernement ? Le magazine Têtu lui posait la question en décembre dernier. Sa réponse était à l'époque logique, et délicieuse d'irrévérence : "Je n'ai pas ce type de perception. Les relations que j'entretiens avec les responsables politiques ne sont pas orientées par ce genre de considérations. Cela dit, de temps en temps, je m'amuse, au conseil des ministres, à me dire : 'Est-ce qu'il y en a un, à un moment où un autre, qui pourrait ou aurait pu faire partie de la fanfare' ?"
Le 17 mai, Frédéric Mitterrand a quitté le ministère sans voiture officielle, sans chauffeur, sur son scooter. Un deux-roues qu'il n'avait plus eu le droit d'utiliser depuis sa chute en janvier 2010. Symbole d'une certaine libertée retrouvée...
Réécoutez l'intégralité de cette émission, Le dernier jour d'un ministre dans l'émission "Les Pieds sur terre", avec Frédéric Mitterrand, sur le site de France Culture.