Une juge d'instruction parisienne a ordonné le 8 juillet 2022 un non-lieu en faveur du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, accusé par une femme de viol depuis 2017, a appris l'AFP ce lundi 11 juillet auprès de ses avocats Mathias Chichportich et Pierre-Olivier Sur, confirmant l'information de BFMTV. "Pour la quatrième fois en cinq ans, la justice affirme qu'aucun acte répréhensible ne peut être reproché à M. Gérald Darmanin. Deux décisions de classement sans suite puis deux ordonnances de non-lieu sont intervenues sous l'autorité de quatre magistrates différentes, dont deux juges d'instruction", ont-ils relevé.
Les deux conseils de Gérald Darmanin précisent : "Notre client s'est toujours astreint à ne pas commenter les décisions de justice et ne fera donc pas davantage de commentaires." Le ministre a déposé plainte pour dénonciation calomnieuse. Cette plainte "suit son cours", selon les avocats. "Il faut quand même mesurer ce que c'est que d'être accusé à tort, de devoir expliquer à ses parents ce qu'il s'est passé parce que, c'est vrai, j'ai eu une vie de jeune homme", avait justifié le ministre en juillet 2020 au journal La Voix du Nord.
Cette décision, susceptible d'appel, vient mettre un terme provisoire à ce dossier très sensible politiquement dans lequel la plaignante Sophie Patterson-Spatz accusait le locataire de Beauvau de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, pour des faits qui se seraient produits à Paris en 2009. Le 12 janvier, le parquet de Paris avait déjà pris des réquisitions en faveur d'une clôture du dossier sans poursuite.
Depuis sa nomination à l'été 2020, et encore lors de sa reconduction récente, la présence de Gérald Darmanin au gouvernement a été la cible de nombreuses critiques, notamment dans les rangs féministes. L'histoire a débuté en 2009, au siège de l'UMP, ancêtre de LR. La plaignante s'était adressée à l'élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques du parti, pour obtenir un soutien alors qu'elle voulait faire réviser une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants à l'égard d'un ex-compagnon.
Selon elle, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui, via une lettre qu'il s'engageait à rédiger auprès de la Chancellerie, en lui demandant en échange une relation sexuelle. Selon son récit devant les enquêteurs, Sophie Patterson-Spatz n'avait aucune envie de cette relation sexuelle, aurait "paniqué", mais se serait sentie contrainte de "passer à la casserole", n'ayant "pas le choix". Quelques années plus tard, la plaignante a fini par analyser ces faits comme un viol et déposé plainte en juin 2017. L'enquête a suivi de longs démêlés procéduraux avant la reprise du dossier à l'été 2020 par une juge d'instruction. Ni la plaignante ni son avocat, Me Yann Le Bras, n'ont réagi dans l'immédiat.
Le ministre de l'Intérieur et désormais des Outre-mer a fait l'objet d'une autre procédure comparable, également classée en 2018 : il avait été accusé d'abus de faiblesse par une habitante de Tourcoing (Nord) qui affirmait avoir été contrainte à des relations sexuelles en échange d'un logement et d'un emploi. Une nouvelle page qui se tourne pour l'homme politique de 39 ans, marié à Rose-Marie Devillers et père d'un enfant, Maximilien.