Deux ans après le meurtre de Catherine Burgod, l'acteur déchu Gérald Thomassin clame toujours son innocence. En liberté depuis peu (moyennant un bracelet électronique) en attendant son procès en appel, le comédien, qui avait raflé le César du meilleur espoir masculin en 1991 pour son rôle dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon, s'exprime pour la première fois dans une interview accordée au Progrès.
L'homme se jure innocent de cet odieux acte – le corps de Catherine Burgod avait retrouvé, lardé de 28 coups de couteau, dans une kitchenette au fond de l'agence postale communale de Montréal-la-Cluse où elle était employée – et le crie haut et fort.
Moi, je sais que je suis innocent. Si je prends la place d'un con, tout le monde se sera trompé. J'ai peur qu'on me mette 25 piges pour quelque chose que je n'ai pas fait. Je suis un marginal, j'assume, mais pas un meurtrier.
Enfant de la DDASS, ex-espoir du cinéma français, Gérald Thomassin revient sans fard sur son passé trouble. "J'étais toxico, 16 mg de subutex par jour, j'avais toujours une canette à la main, je ne travaillais pas. Les gens se posent des questions et après ils inventent, déclare-t-il, convaincu d'être "victime d'un délit de sale gueule". Ils voyaient mes balafres, mon trois-quarts en cuir, mes bottes. Certains ont dit que j'étais capable de le faire car j'avais un couteau dans la poche." Il avoue également avoir "fait de la rue pendant trois ans" ce que la la vice-présidente du Centre communal d'action sociale de Rochefort (ville où logeait Thomassin avant son arrestation) avait déjà corroboré. "On m'a sali, on m'a descendu", déplore-t-il.
En décembre, l'avocat de la partie civile évoquait à l'AFP "un lourd faisceau d'indices graves, précis et concordants" à l'encontre de l'ex-acteur et notamment ces écoutes téléphoniques dans lesquelles Thomassin se serait accusé "de l'avoir tuée", avant de revenir sur ses déclarations. "J'étais bourré et j'appelle mon frère en disant que j'allais dire que c'était moi, parce qu'ils me pétaient les couilles", se justifie-t-il ce vendredi dans Le Progrès. "Je sais que des gars louches ont été contrôlés le matin du meurtre avec de l'argent dans les poches et on n'a même pas relevé leurs identités", regrette-t-il, convaincu que le vrai coupable n'est toujours pas inquiété. Lors de son interrogatoire, il dit également avoir subi d'étranges pressions visant à le faire avouer : "On m'a sorti des trucs que je n'avais jamais entendus de ma vie : 'Si ça se trouve, ton corps était dans La Poste et ton esprit était chez toi'."
Mis en examen en juillet 2013 après avoir été déjà placé en garde à vue en janvier 2009 (puis relâché faute de preuves), Gérald Thomassin, 40 ans, fait l'objet d'un renvoi aux assises prononcé cet été par un juge d'instruction de Bourg-en-Bresse. Selon des sources judiciaires, il a cependant fait appel de cette décision et la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon doit examiner ce recours le 6 novembre.