César du meilleur espoir masculin en 1991 (Le Petit Criminel), l'enfant déchu du cinéma français Gérald Thomassin est dans une situation des plus complexes. Mis en examen le 29 juin à Bourg-en-Bresse pour le meurtre de Catherine Burgod en décembre 2008, l'acteur, vu récemment dans Sheitan et Le premier venu, avait été relâché, sous contrôle judiciaire. Avant d'être à nouveau interpellé le 12 juillet dernier à son domicile de Rochefort (Charente-Maritime), suite à un appel du parquet de Bourg-en-Bresse, suivi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon, qui a ordonné son placement en détention provisoire.
Disparu des écrans ces dernières années (son dernier film, Le premier venu, de Jacques Doillon, remonte à avril 2008), Gérald Thomassin était plongé dans un cercle vicieux. S'il nie avec force toute responsabilité dans le meurtre de Catherine Burgod, postière de Montréal-la-Cluse poignardée de 28 coups de couteau, alors qu'elle était enceinte de son troisième enfant, Gérald Thomassin n'avait pas une vie facile.
Interrogée par l'AFP, la vice-présidente du Centre communal d'action sociale de Rochefort, Claudine Le Gendre, a donné quelques informations quant à la mystérieuse personnalité. Enfant de la DASS né à Drancy, en région parisienne, Gérald Thomassin "était en hébergement d'urgence depuis décembre 2012", où "il recevait à ce titre un accompagnement social qui s'est avéré très positif". Via ce centre d'aide, Gérald Thomassin, dont la vice-présidente rappelle les "addictions et soucis judiciaires", était suivi de près par un travailleur social qui l'épaulait sur des questions telles que le budget, le logement ou encore, dans son cas, les rendez-vous judiciaires.
Évoquant un homme "vraiment très gentil", Claudine Le Gendre rappelle que l'acteur était devenu un SDF qui "vivait dans une tente" dans la rue, avant d'être pris en main par le centre charentais. Gérald Thomassin n'a "jamais rechigné" à cet accompagnement, et "s'est montré très participatif", offrant des résultats si convaincants que le centre d'action social avait "pris la décision de prolonger l'hébergement jusqu'en septembre 2013".
Un homme prêt à revenir sur le droit chemin que la justice ballote de manière étrange. En effet, comment un homme suspecté d'un meurtre avec des preuves concordantes, ou au pire, troublantes, peut-il être libéré sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention ? Pour l'avocat de la famille de Catherine Burgod, c'était inconcevable, d'où l'appel provoquant la nouvelle interpellation de l'ex-acteur.
Pointant des "faisceaux graves et concordants" ainsi que le comportement douteux de l'intéressé, l'avocat Mr Frémion avait fait appel de la libération de l'ex-acteur, qui vivait dans un immeuble face à l'agence postale, au moment de ce meurtre sauvage. Déjà à l'époque, il subsistait grâce aux minima sociaux et à de petits rôles dans des films d'auteurs. En effet, en juin 2013, Thomassin s'était accusé "de l'avoir tuée", avant de revenir sur ses déclarations. Autre fait étrange, le père de la victime l'avait "surpris en pleurs sur la tombe de sa fille", rappelle l'AFP.
Sorti de la DASS par Jacques Doillon qui le caste à l'âge de 16 ans pour Le Petit Criminel, Gérald Thomassin aura toujours vu sa vie personnelle et le cinéma intimement liés. Délinquant à la dérive chez Doillon, il incarne en 2001 un jeune sans-abri débrouillard dans Paria, de Nicolas Klotz, avant de retrouver Jacques Doillon en gueule cassée dans Le premier venu.