L'histoire pourrait sortir tout droit de l'imagination de Gérard de Villiers, légendaire auteur de la série des SAS. Sauf qu'elle est bel et bien réelle et que son petit-fils Marc-Antoine Adam en est l'un des protagonistes principaux. Celui-ci a été mis en examen et incarcéré après la mise à jour d'une vaste escroquerie financière, révèle Le Parisien...
Le jeune homme à peine trentenaire avait pourtant tout pour réussir. Un nom prestigieux, une scolarité brillante à la fameuse université de Paris-Dauphine, quelques années passées en tant que trader dans une société réputée des Pays-Bas avant d'ouvrir sa propre société de placements rue du Faubourg-Saint-Honoré à 25 ans seulement. Une success story qui se poursuit puisque le jeune homme devient également intervenant dans son ancienne université tout en multipliant les colloques et les conventions. Sa renommée est faite dans le monde de la finance et Marc-Antoine Adam de Villiers se voit régulièrement invité aux Victoires du trading, une compétition de simulation de placements.
Attiré par le talent du jeune homme, un homme d'affaires francilien, Jean-Pierre Nitkoski, lui propose en 2010 d'intégrer son entreprise Exelyum, enregistrée aux Seychelles mais basée à Paris. Le prodige de la finance accepte la proposition et forme une équipe de jeunes tradeurs durant un an, pendant que le boss engage des commerciaux via Pôle-Emploi. Ces derniers sont chargés de dégoter des investisseurs. Et pour appâter le chaland, Jean-Pierre Nitkoski a un argument infaillible : des rendements à 36%... du jamais vu !
Début 2012, la société ouvre une salle des marchés à Monaco. "De grandes fortunes niçoises et monégasques ont cru flairer le bon filon", confie un proche du dossier au Parisien. L'argent s'accumule, mais pas les retours sur investissement. La police monégasque découvre alors que la salle des marchés ouverte par Jean-Pierre Nitkoski n'a pas d'agrément. Une enquête s'ouvre et ce dernier est immédiatement incarcéré. Ce qui n'empêche pas les équipes de poursuivre leur boulot depuis Paris, sans vergogne.
Jusqu'en juillet dernier où l'Autorité des marchés financiers, chargée de réguler les marchés financiers comme son nom l'indique, signale au parquet cette entité qui prétend pouvoir offrir des rendements jamais vus jusque-là. Après enquête, c'est un vaste schéma de Ponzi qui est mis à jour par la justice, le même qu'avait monté Bernard Madoff aux États-Unis. En gros, les pertes des clients sont compensées par les investissements des nouveaux entrants dans le schéma. Au total, pas moins de 600 personnes auraient été trompées pour un préjudice évalué autour de 35 millions d'euros, annonce Le Parisien.
Mis en examen pour escroquerie en bande organisée au côté de trois autres mis en cause par le juge d'instruction lyonnais en charge de l'affaire, le petit-fils de Gérard de Villiers avait dans un premier temps démissionné, s'estimant trompé, avant de proposer son aide à la justice en fournissant des documents. Convoqué le 15 octobre par la justice, il est finalement placé en garde à vue, mis en examen et écroué. "Il jure n'avoir rien su et répète qu'il n'était qu'un employé", indique une source judiciaire au quotidien francilien. Sans antécédents judiciaires, Marc-Antoine Adam de Villiers a déposé une demande de remise en liberté qui doit être examinée dans les jours à venir.