Il y a dix ans, le cinéma indépendant américain était marqué par le mouvement Mumblecore, né sous l'impulsion d'un groupe de jeunes réalisateurs fauchés. Réalistes et bavards, portés par des acteurs amateurs, ces films sont devenus le reflet d'une génération bercée par Hollywood mais consciente que le cinéma est multifacette.
D'abord cantonnés aux festivals, les objets Mumblecore sont vite devenus une vitrine pour les acteurs et réalisateurs en quête de nouveaux horizons. Ainsi, Mark Duplass et Jay Duplass sont arrivés sous le soleil hollywoodien avec Cyrus (2010), une comédie dramatique avec John C. Reilly, Jonah Hill et Marisa Tomei, et récidivent avec Susan Sarandon et Jason Segel dans Jeff, Who Lives at Home.
Arrivée par le hasard des rencontres devant une caméra, la blonde et décalée Greta Gerwig s'est vite rapprochée des cercles hollywoodiens. Partenaire de Ben Stiller dans Greenberg (2010) de Noah Baumbach, elle est apparue dans Sex Friends (2011) avec Natalie Portman avant de décrocher un rôle de premier plan dans Arthur, un amour de milliardaire (2011), une comédie avec Russell Brand et Jennifer Garner classée dans les pires flops de l'année. Lancée sur la route du succès, Greta Gerwig se paye une apparition dans To Rome with Love de Woody Allen, un second rôle dans la série The Corrections avec Ewan McGregor et le haut de l'affiche de deux comédies aussi décalées qu'elle.
Dans Damsels in Distress de Whit Stillman (Les Derniers Jours du disco), elle est à la tête d'un petit groupe d'étudiantes féministes et légèrement névrosées qui décident d'éduquer leurs congénères pour affronter la vie. Dans Lola Versus de Daryl Wein, elle incarne une trentenaire abandonnée par son futur mari et complètement paumée. Deux films qui pourraient bien ne jamais avoir droit à une sortie en salles chez nous, mais qui prouvent que la comédie américaine devra désormais compter sur Greta Gerwig.
Geoffrey Crété