Missionnée par le grand quotidien germanique Die Welt, une interprète chargée de traduire le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky en allemand n'a pas pu contenir son émotion ce 27 février 2022. Nul besoin d'être trilingue pour ressentir l'émotion dans la voix de la traductrice devant faire comprendre aux Allemands les mots du dirigeant de l'Ukraine au pouvoir depuis 2019.
Volodymyr Zelensky a salué ce dimanche la formation d'une "coalition" internationale de pays fournissant une aide à l'Ukraine, au quatrième jour de l'invasion de son pays par la Russie. "Nous recevons des armes, des médicaments, de la nourriture, du carburant, de l'argent. Une coalition internationale forte s'est formée pour soutenir l'Ukraine, une coalition anti-guerre", a dit Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il a salué la livraison de nouvelles armes par l'Allemagne et la Belgique, ainsi que l'accord européen sur l'exclusion des banques russes de la plateforme Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.
L'époux d'Olena Zelenska a tout particulièrement remercié le président polonais Andrzej Duda pour ses efforts en vue d'une intégration de l'Ukraine à l'UE. Dénonçant les "actions criminelles" de la Russie contre l'Ukraine, il a estimé que celles-ci avaient "les caractéristiques d'un génocide" et a exhorté la communauté internationale à priver Moscou de son droit de vote au Conseil de sécurité de l'ONU.
Une séquence qui a été relayée sur les réseaux sociaux par Inna Shevchenko (ou Chevtchenko), militante féministe ukrainienne, figure majeure du mouvement Femen. La jeune femme de 31 ans a souvent interpellé les observateurs de l'actualité sur les actions de Vladimir Poutine. En 2019, elle est devenue membre du Conseil consultatif pour l'égalité femmes-hommes (CCEFH) chargé d'établir un "bouquet législatif" aux dirigeants participant au G7 de Biarritz. Elle a travaillé notamment en collaboration avec le gynécologue congolais Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018.
L'émotion de l'interprète allemande peut également se comprendre en raison de la position délicate du pays outre-Rhin, l'Ukraine et la Russie. Berlin vient d'accepter de livrer des armes à l'Ukraine en guerre après s'y être longtemps refusé. Depuis la Seconde Guerre mondiale, à de rares exceptions prêt, l'Allemagne s'est refusée à livrer des armes "létales" dans les zones de conflit. Cette position était toutefois de moins en moins tenable sur le plan politique depuis le déclenchement jeudi de l'invasion de l'Ukraine.
Dans une autre volte-face, le gouvernement allemand a finalement accepté l'exclusion de banques russes de la plateforme interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale. Berlin craignait jusqu'ici d'être pénalisé en retour pour ses livraisons de gaz, pétrole et charbon russes, dont le pays est étroitement dépendant pour se chauffer.