Guillaume Gallienne : "Mon père est mort dans d'atroces souffrances"

En 2013, lorsque son long métrage Les Garçons et Guillaume à table ! sort, Guillaume Gallienne multiplie les interviews et les confidences. Médiatiquement sur tous les fronts, acclamé pour son oeuvre qui a récolté 5 César, le pensionnaire de la Comédie-Française a notamment abordé, sans fards, des questions personnelles comme sa sexualité, son rapport à la féminité ou encore son enfance. À l'affiche le 2 mars du film Éperdument de Pierre Godeau, face à Adèle Exarchopoulos, il est de nouveau sous les projecteurs. Son entretien pour Psychologies magazine est une nouvelle plongée dans l'univers de l'artiste.

"Je n'ai jamais eu de problème avec la féminité", lance Guillaume Gallienne dès le début de l'interview. Éperdument, son nouveau film, met en effet sa virilité en avant. Ce n'est toutefois pas une raison pour qu'il oublie Lucrèce Borgia, dont il reprend le rôle. Il avoue ensuite qu'assumer sa part masculine lui a pris plus de temps : "Il faut dire qu'on ne m'y a pas aidé. Longtemps, j'ai été entouré par des hommes brutaux, dans ma famille, à l'école..." Il a travaillé sur sa voix, avec la phoniatre Claude Fugain (soeur de Michel) pendant quatre ans pour trouver sa tessiture. Sa puissance masculine, elle lui a éclaté au visage quand il a rencontré sa femme : "La seule au monde que j'ai voulu conquérir." Puis, quand leur fils est né : "Je suis devenu un gorille, ma cage thoracique a triplé de volume."

Viennent ensuite des questions, plus intimes, sur sa sexualité, mais l'acteur et réalisateur n'a pas peur d'en parler, ce qu'il a déjà fait pour Les Garçons..., puisque le film porte sur cette question aussi. Il a déclaré être bisexuel : "J'ai dit ça par réaction à des étiquettes qu'on a voulu me coller après Les Garçons... : des gens m'ont dit homophobe. D'autres me jugeaient avec l'idée qu'on ne peut pas être efféminé, aller au ballet... et aimer une chatte. (...) Vous en connaissez, vous, des gens qui n'ont jamais eu aucune interrogation sur leur sexualité ? (...) Oui, j'ai connu la bisexualité, parce que, ado, j'étais tiraillé par des peurs et que le meilleur moyen de les apprivoiser, c'est de se confronter à leur objet. Mais il se trouve que j'aime ma femme depuis quinze ans."

Amandine, coloriste de tissus, et lui sont les parents de Tado, bientôt 9 ans. Quel père est-il ? "Un peu trop tactile au goût [de son fils, NDLR]. Il va avoir 9 ans, alors les câlins de papa... Il me fait jouer au foot, même s'il sait que ce n'est pas ma tasse de thé. (...) Mais vous savez, il est déjà tellement lui-même depuis sa naissance. Je ne suis qu'un accompagnateur." Il essaie en tout cas de ne pas reproduire le schéma qu'il a connu avec son père : "Je ne suis ni tyrannique ni humiliant."

Son père, Guillaume Gallienne en parle avec beaucoup de franchise, même si, au fil de cet entretien, il ne révèle pas les raisons précises de ses problèmes avec lui. Il n'a pas voulu explorer leur relation comme il l'a fait avec sa mère pour Les Garçons... : "Parce que ça n'aurait pas été drôle." Il ajoute toutefois : "Mon père pouvait être drôle, à sa façon. Il est mort avant la sortie du film, mais il avait vu la pièce. Sauf qu'il avait oublié son sonotone. Bel acte manqué." S'il a fini par bien s'entendre avec lui à partir de 27 ou 28 ans, Guillaume Gallienne se souvient que le plus difficile a été après sa mort : "J'avais pris la mesure des dommages collatéraux qu'il avait causés, pas tant à moi qu'à des personnes que j'aime... Mais bon, il est mort dans d'atroces souffrances. Il a payé très cher."

Baptisé catholique, mais converti à la religion orthodoxe de sa mère à 29 ans, Guillaume Gallienne réfléchit aujourd'hui à ne plus être dans le "me myself and I" : "Je n'ai pas assez donné par rapport à tout ce que j'ai reçu." Pour se construire, il avoue qu'il a fait sa première thérapie de 11 à 13 ans, ce qui l'a sorti de sa dépression : "Sans la psychanalyse, je me serais flingué."

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Psychologies du mois de mars 2016
Éperdument, en salles le 2 mars